En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : “Où vas-tu ?” Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur. Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement. En matière de péché, puisqu’on ne croit pas en moi. En matière de justice, puisque je m’en vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus. En matière de jugement, puisque déjà le prince de ce monde est jugé. »
(...) Personne ne me demande plus : “ Où vas-tu ? ” La tristesse vous rend muets. Pourtant, c’est votre intérêt que je m’en aille, sinon le Consolateur ne viendra pas. C’est moi qui vous l’enverrai. A sa venue, par la sagesse et la parole, les œuvres et l’héroïsme qu’il déversera en vous, il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté. Mais le prince du monde et ses serviteurs seront déjà condamnés. Je ne puis vous en dire davantage, car vous ne pouvez encore comprendre. Mais lui, le divin Paraclet, vous apprendra la vérité tout entière. Il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira tout ce qu’il aura entendu de l’Esprit de Dieu, et il vous annoncera l’avenir. Il reprendra ce qui vient de moi, c’est-à-dire ce qui encore appartient au Père, pour vous le faire connaître. Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus. Puis encore un peu, et vous me reverrez (...)
Jésus dit :
«Votre lecture distraite de l'Évangile fait que trop de vérités vous échappent. Vous prenez les grands enseignements, mais mal eux aussi, et vous les adaptez à votre façon de voir actuelle.
Vous savez pourtant que ce n’est pas à l'Évangile de s’adapter à vous, mais bien l’inverse. Lui, il est ce qu’il est. Son enseignement est celui de son premier siècle d’existence et sera le même au dernier, même si ce dernier siècle devait advenir dans des milliards d’années. Vous ne saurez plus vivre selon l'Évangile – vous le savez déjà bien mal! –, mais ce n’est pas pour autant qu’il sera différent. Il vous dira toujours les mêmes vérités de vie.
Votre volonté d’adapter l'Évangile à votre manière de vivre est une confession de votre misère spirituelle. Si vous aviez foi dans les vérités éternelles et en moi qui vous les ai proclamées, vous vous efforceriez de vivre l'Évangile intégralement, comme le faisaient les premiers chrétiens. Et ne dites pas: “La vie actuelle est telle que nous ne pouvons suivre à la perfection ces enseignements. Nous les admirons, mais nous sommes trop différents pour les suivre.”
Les païens des premiers siècles étaient eux aussi très différents, sinon trop, de l'Évangile, et cependant ils ont su le suivre. Luxurieux, avides, noceurs, cruels, sceptiques, vicieux comme ils l’étaient, ils surent extirper toutes ces pieuvres, se mettre l’âme à nu, la faire saigner pour l’arracher aux tentacules de la vie païenne et, ainsi blessés dans leur pensée, dans leurs affections, dans leurs habitudes, venir à moi en disant: “Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir.” Et moi, je les ai guéris. J’ai cicatrisé leurs blessures. [...]
Il faut renaître. Il faut être régénéré, se refaire une âme nouvelle, vous, les païens du vingtième siècle. Cela n’est possible qu’en abandonnant compromis et idées du monde pour embrasser mon Idée et la vivre, la vivre vraiment, intégralement.
C’est ce qu’ont fait les païens des premiers siècles, et ils sont devenus les saints glorieux du ciel. Ils ont apporté la civilisation à la terre. Vous devez en faire autant, s’il est vrai que vous m’aimez, s’il est vrai que vous tendez à la vie éternelle, s’il est vrai que vous œuvrez à civiliser la terre. La terre d’aujourd’hui! Elle est plus primitive qu’une tribu ensevelie dans les forêts vierges! Pourquoi donc? Parce qu’elle m’a repoussé. Il ne suffit pas de se dire chrétien pour l’être! Ce n’est pas parce qu’on a reçu le baptême pour la forme qu’on l’est! Etre chrétien signifie être ce que le Christ nous a dit d’être, comme l'Évangile vous le répète. [...]
Lisez, lisez l'Évangile, jusque dans ses moindres phrases. Vivez-le sous ses teintes de perfection. Commencez par l’amour. Cela semble le plus difficile des préceptes et conseils. Or c’est la clé de tout, de tout le Bien, de toute la Joie, de toute la Paix.»
Les Cahiers de 1944, 28 mars