En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez- vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
(…) Vous dites : “ Comment conquérir Dieu et son Royaume en suivant une autre voie plus douce que la voie sévère du Sinaï ? ”
Il n’y a pas d’autre chemin que celui-là. Néanmoins, ne le regardons pas sous le jour de la menace, mais sous le jour de l’amour. Ne disons pas : “ Malheur à moi si je ne fais pas ceci ! ” en restant tremblants dans l’attente du péché, que nous pensons inévitable. Mais disons : “ Bienheureux serai-je si je fais ceci ! ” Dans un élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces béatitudes qui naissent de l’observation de la Loi, comme les roses naissent dans un buisson épineux.
“ Bienheureux si je suis pauvre en esprit : le Royaume des Cieux est à moi !
Bienheureux si je suis doux : j’obtiendrai la terre en héritage !
Bienheureux si je suis capable de pleurer sans me révolter : je serai consolé !
Bienheureux si j’ai faim de justice, plus que du pain et du vin qui rassasient la chair : la Justice me rassasiera !
Bienheureux si je suis miséricordieux : la miséricorde divine s’appliquera à moi !
Bienheureux si je suis pur de cœur : Dieu se penchera sur mon cœur pur, et je le verrai !
Bienheureux si j’ai l’esprit de paix : Dieu m’appellera son fils ; car je serai dans la paix et l’amour, et Dieu est l’Amour qui aime ceux qui lui sont semblables !
Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté : pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu, mon Père, me donnera le Royaume des Cieux !
Bienheureux si je suis outragé et accusé à tort pour savoir être ton fils, ô Dieu ! Ce n’est pas la désolation, mais la joie que cela doit m’apporter, car cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les prophètes, qui furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois fermement que je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel qui m’appartient ! ”
Tel est le regard que nous devons porter sur le chemin du salut, à travers la joie des saints. (…)
[...] « Je ne t’ai rien dit le jour de la Toussaint, parce que le paradis tout entier te parlait par son amour. Tout était leçon dans le bonheur dont tu jouissais. Je suis donc resté à côté de toi, en tuteur du mystère, adorant avec toi la Divinité qui te comble de bienfaits. Que devais-je dire de plus, tant ce que tu voyais, ce que tu goûtais, ce que tu comprenais te parlait déjà ?
L’Eglise glorieuse, en te donnant ce que tu as appelé son amour — et cela en était une juste définition — te fournissait l’explication la plus belle et la plus juste de ce qu’est le dogme de la communion des saints, de ce qu’est la sainteté et la manière de devenir saint, et de ce qui constitue la récompense de ceux qui savent y parvenir.
La liturgie de la Toussaint se transformait de paroles en vision, de vision en compréhension, de compréhension en participation.
Quant à moi, je me taisais, en veillant et en vénérant.
Mais aujourd’hui je peux te le dire : tu as vu la béatitude de ceux qui surent rester sans tache tout au long de leur chemin. Avance comme eux dans la Loi du Seigneur et tu parviendras à cette béatitude qui vous récompense de toute douleur soufferte ici-bas.
Aime comme tu t’es sentie aimée par le grand et lumineux peuple des saints ; aime et prie pour tous tes frères militants, pour attirer sur eux la garde protectrice de Dieu afin qu’elle les défende contre les épreuves qu’ils ne savent pas dépasser, et les entraîne, par sa bonté, à faire preuve de bonté dans leurs œuvres et leurs pensées. Tu sais par qui tu dois toujours commencer…
La première parole de Jésus sur la croix était une prière pour les plus grands pécheurs et ses plus subtils bourreaux, tortionnaires même, parce qu’ils faisaient souffrir, de la plus grande souffrance, cette partie qui n’est pas la chair. » [...]