En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. » Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu’il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays.
(…) N’allez pas croire que je sois venu établir la concorde sur la terre et pour la terre. Ma paix est plus élevée que les paix faites par calcul pour se tirer d’affaire jour après jour. Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive, le glaive tranchant pour couper les lianes qui retiennent dans la boue et ouvrir les chemins aux vols du surnaturel. Je suis venu opposer le fils au père, la fille à la mère, la bru à la belle-mère. Car je suis celui qui règne et qui a tous les droits sur ses sujets. Personne n’est plus grand que moi quand il s’agit des droits sur les affections. Car c’est en moi que tous les amours se centralisent et se subliment : je suis Père, Mère, Epoux, Frère, Ami et je vous aime comme tel, et comme tel je dois être aimé. Et quand je dis : “ Je veux ”, il n’y a pas de lien qui puisse résister et la créature est mienne. C’est moi qui l’ai créée avec le Père, c’est par moi-même que je la sauve et j’ai le droit de la posséder.
En vérité, les ennemis de l’homme, ce sont, en plus des démons, les hommes eux-mêmes ; et les ennemis de l’homme nouveau, du chrétien, ce seront les membres de sa famille par leurs lamentations, leurs menaces ou leurs supplications. Par conséquent, celui qui aimera désormais son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix quotidienne, multiforme, faite de résignation, de renoncements, d’obéissances, d’héroïsmes, de douleurs, de maladies, de deuils, de tout ce qui manifeste la volonté de Dieu ou une épreuve qui vient de l’homme, et ne me suit pas avec elle, n’est pas digne de moi. Celui qui tient compte de sa vie sur terre plus que de sa vie spirituelle, perdra la vraie vie. Mais celui qui aura perdu sa vie sur terre par amour pour moi la retrouvera, éternelle et bienheureuse.
Qui vous accueille, m’accueille. Qui m’accueille, reçoit Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en tant que prophète, recevra une récompense proportionnée à la charité dont il fait preuve à l’égard du prophète. Qui accueille un juste en tant que juste, recevra une récompense proportionnée à la charité dont il fait preuve à l’égard du juste. En voici la raison : celui qui, dans un prophète reconnaît un prophète, montre qu’il est prophète lui aussi, c’est-à-dire très saint, car l’Esprit de Dieu le tient dans ses bras ; et celui qui aura reconnu un juste comme juste, prouve que lui-même est juste, car les âmes qui se ressemblent se reconnaissent. Il sera donc donné à chacun selon sa justice.
Mais à qui aura donné même une seule coupe d’eau pure à l’un de mes serviteurs, fût-il le plus petit – les serviteurs de Jésus sont tous ceux qui le prêchent par une vie sainte, et les rois peuvent l’être comme les mendiants, les sages comme ceux qui ne savent rien, les vieillards comme les tout-petits, car à tous les âges et dans toutes les classes on peut être mes disciples –, qui donc aura donné à un de mes disciples ne serait-ce qu’une coupe d’eau en mon nom et parce que c’est mon disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense. (…)
“Sans le Père, je n’aurais pas été. Mais sans l’Esprit, je ne serais pas venu. Parce que c’est l’Amour du Père qui m’a envoyé. Et nous sommes d’autant plus présents et plus actifs dans un cœur que l’amour en lui est plus vif. D’où la nécessité de posséder en vous l’Amour, c'est-à-dire l’Esprit Saint.
J’ai dit qu’il ‘faut renaître dans l’Esprit pour pouvoir posséder la vie éternelle’. La naissance de la chair d’une autre chair ne vous différencie pas des brutes autrement qu’en ceci : vous serez jugés pour ne pas avoir voulu renaître dans l’Esprit, ce dont les brutes, elles, ne sont pas responsables. Vous, vous l’êtes. Alors pourquoi ne renaissez-vous pas dans l’Esprit ? Pourquoi tuez-vous l’Amour en vous ?
Comment ma doctrine peut-elle être comprise si l’Amour n’est pas en vous ? J’ai dit que ‘vous auriez compris quand j’aurais envoyé le Consolateur, l’Esprit de vérité’. Et voilà que je vous l’ai envoyé. Je suis monté sur la croix volontiers pour vous racheter et pour préparer la voie au Paraclet. Je suis monté au Ciel volontiers, laissant ma Mère, la seule en qui l’Esprit demeure comme au sein du Père, tant elle était pleine de grâce. Même qu’en elle était la ‘Grâce’ elle-même. Je suis monté au Ciel, laissant les hommes que j’avais tant aimés au point de mourir sur la croix pour eux, afin de pouvoir vous envoyer Celui à la lumière duquel tout devient clair. Je continue de vous l’envoyer, d’alimenter cette lumière avec moi-même, car je suis dans le Père et dans l’Esprit et ils sont en moi.
Et vous m’avez, moi avec mon Corps, avec mon Sang, avec mon Essence, dans l’Eucharistie. Votre Dieu et votre Frère. Mais vous vivez avec la chair. Vous m’avez, moi, Lumière du monde, et de nouveau, et même toujours davantage, vous préférez les ténèbres à la lumière. Vous êtes comme de pauvres fous. Lorsque je vivais parmi vous, on vous aurait appelés ‘obsédés’, possédés par un esprit impur qui vous plie à d’étranges perversions, ce qui vous fait aimer les ténèbres, les laideurs, les compagnies immondes, alors que vous pourriez vivre dans la Lumière et dans la Vérité. Vous avez l’ouïe et vous n’entendez pas, vous avez la vue et vous ne voyez pas ; vous possédez la parole, mais vous l’utilisez pour blasphémer ou pour mentir ; vous avez un cœur et vous ne l’élevez pas au Ciel, mais le vendez pour de basses amours et de vils intérêts.
Pourquoi vivez-vous en profanant et en vous profanant ? Que sont donc pour vous les paroles de vérité et de vie que je vous ai laissées et que le Paraclet vous a expliquées à la lumière de la charité ?
De temps en temps, je tente un autre miracle d’amour et je vous appelle, vous parlant de mille manières. Vous venez, vous enquêtez, vous vous secouez. Mais de quelle façon ? Avec une curiosité scientifique. Votre esprit ne se réveille pas au toucher du mystère qui se dévoile une fois de plus et vous montre Dieu et son amour. Pauvres créatures aveuglées par votre science humaine !
Une seule science est nécessaire. La mienne. Et elle vous est communiquée par l’Esprit de vérité. A sa lumière, tout ce qui existe se sanctifie, se purifie, devient bon. Si votre savoir humain tire ses origines de ce savoir parfait, il donne des œuvres de véritable utilité. Autrement, non. Si la science que vous possédez est seulement humaine, ce n’est pas la vraie science. C’est une profanation. Elle arrache les voiles du mystère dont moi, qui sais doser le bien et le mal, j’ai enveloppé les forces cosmiques.
Le dragon siffle : ‘Mordez, humains, mordez dans le fruit qui vous fera des dieux.’ Et vous mordez. Vous ne savez pas que vous mangez votre propre condamnation. Vous devenez, il est vrai, d’une génialité semi-divine ; vous avez arraché à l’univers beaucoup de ses secrets et vous avez maîtrisé les forces de la nature. Mais sans le contrepoids de l’amour, votre savoir est uniquement puissance destructrice. Et Satan siffle sa joie parce que, dans vos découvertes, il voit son signe qui nie Dieu. Seulement son signe.
Si, pour faire le bien, vous mettiez le centième de ce que vous mettez dans le mal, vous seriez déjà sauvés. Mais suivre le bien veut dire être purs, chastes, miséricordieux, honnêtes, justes et humbles. Tandis que vous préférez être agents d’iniquité.”
Jamais je n’aurais cru qu’un commentaire de l’Evangile puisse me toucher autant. Je lis les méditations depuis que vous me les envoyez, avec admiration. Mais celle-là, c’est un sommet. Je vais demander que le texte de Jean 15, 9-17 soit lu à mes obsèques religieuses si c’est possible... lorsque le jour sera venu !