En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »
(…) Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je vous la donne, non comme la donne le monde, ni même comme je vous l’ai donnée jusqu’à présent : la salutation bénie du Béni à ceux qui sont bénis. Plus profonde est la paix que je vous donne maintenant. Au moment de ces adieux, je me communique moi-même à vous, avec mon Esprit de paix, comme je vous ai communiqué mon corps et mon sang, pour qu’il reste en vous une force dans la bataille imminente. Satan et le monde vont déchaîner la guerre contre votre Jésus. C’est leur heure. Ayez en vous la paix, mon Esprit qui est un esprit de paix, car je suis le Roi de la paix. Gardez-la pour ne pas vous sentir trop abandonnés. Souffrir avec la paix de Dieu en soi permet d’éviter tout blasphème et tout désespoir.
Ne pleurez pas. Vous m’avez entendu dire : “ Je vais au Père, puis je reviendrai. ” Si vous m’aimiez au-delà de la chair, vous vous réjouiriez, car je vais au Père après un si long exil… Je vais vers celui qui est plus grand que moi et qui m’aime. Je vous le dis maintenant, avant l’événement, comme je vous ai annoncé toutes les souffrances du Rédempteur avant d’aller vers elles afin que, lorsque tout sera accompli, vous croyiez toujours plus en moi. Ne vous troublez pas ainsi ! Ne vous effrayez pas. Votre cœur a besoin d’équilibre (…)
Jésus dit :
[...] “Ces temps-ci, vous faites sans cesse des prières. Mais elles ne servent pas autant qu’elles le devraient. Ne pensez pas que votre Dieu ait changé sa Nature d’infinie bonté et de parfaite paternité. C’est que vous lui présentez des prières contaminées par trop de choses.
Dépouillez-vous du triple habit qui opprime votre esprit et le contamine. Rejetez l’hypocrisie, la haine, la luxure. Il y aurait d’autres choses à enlever, mais celles-ci sont les plus abjectes à mes yeux. Et vous êtes des hypocrites lorsque vous venez à moi par des cérémonies religieuses que vous accomplissez avec un sentiment humain et non surnaturel.
Mais qui croyez-vous tromper ? Moi ? Ô malheureux ! Vous pouvez vous tromper les uns les autres, empruntant un visage religieux, portant même un masque qui cache votre vrai visage irréligieux, car religion signifie obéissance aux souhaits et aux vouloirs de Dieu, alors que vous lui désobéissez dans les grandes choses comme dans les petites. Vous pourrez vous tromper entre vous, mais vous ne tromperez pas votre Dieu.
Que dirais-tu, Maria, et que ferais-tu si quelqu’un t’offrait un bouquet de fleurs [flétries] ou une assiette de fruits sales ou véreux ? Tu dirais qu’on aurait mieux fait de ne pas te les offrir parce qu’ils te répugnent et t’offensent. Voilà : je dis la même chose de la majorité de vos prières.
Vous haïssez. C’est certain. Vous haïssez. Et votre esprit est si lourd que vous ne vous rendez même pas compte d’être pleins de hargne et d’égoïsme envers tous. Mais que vous ai-je dit ? ‘ Si au moment de prier, tu te souviens d’avoir offensé ton frère ou que lui a quelque chose contre toi dans son cœur, réconcilie-toi d’abord avec lui et puis viens ’. La condition essentielle pour être écoutés est de ne pas avoir dans le cœur la haine qui tue l’amour.
Comment pouvez-vous venir à moi qui suis miséricorde, quand vous n’êtes pas miséricordieux ?
Comment pouvez-vous juger et penser que moi, qui suis justice, je ne vous juge pas ? Ne voyez-vous pas que, en condamnant à la haine ceux qui vous nuisent – et peut-être que vous fûtes les premiers [à nuire] et non eux –, vous vous condamnez vous-mêmes ?
Vous êtes luxurieux. Que de luxure, de la chair, de l’esprit, du cœur, déferle sur le monde, jaillissant de vous comme des multiples bouches d’une fontaine qui a sa source dans les profondeurs où règne l’Ennemi ! C’est un déluge, voulu par Satan et non par Dieu, et auquel vous vous êtes prêtés, un déluge qui se répand sur la terre et en chasse la Lumière, la Vérité, la Vie. Et la Lumière-Vérité-Vie, telle une colombe qui n’aime pas la fange putride, se retire dans les cieux, en descend rapidement pour arrêter son vol sur les rares créatures lesquelles, comme les cimes des monts, émergent au-dessus de la vase qui vous déshonore.” [...]
Les Cahiers de 1943, 10 août