« Faites attention à la manière dont vous écoutez »
(Lc 8, 16-18)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour. Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. »
(…) J’ai dit également que vous étiez une lumière. Quand, le soir, on allume une lampe dans la maison, où la met-on ? Dans un trou, sous le four ? Dans la grotte qui sert de cave ? Ou renfermée dans un coffre ? Ou tout simplement la cache-t-on sous le boisseau ? Non, parce qu’il serait alors inutile de l’allumer. Mais on pose la lampe sur une console ou bien on l’accroche à un support élevé pour que, de là-haut, elle éclaire toute la pièce et tous ceux qui s’y trouvent. Mais puisque la lampe que l’on place en hauteur est chargée de rappeler Dieu et de donner de la lumière, elle doit être à la hauteur de son devoir.
Vous qui devez rappeler le vrai Dieu, faites en sorte de ne pas avoir en vous le paganisme aux sept éléments. Autrement, vous deviendriez des hauts lieux profanes avec des bois sacrés, dédiés à tel ou tel dieu et vous entraîneriez dans votre paganisme ceux qui voient en vous des temples de Dieu. Vous devez porter la lumière de Dieu. Une lampe sale, une lampe qui n’est pas garnie d’huile, fume et ne donne pas de lumière, elle sent mauvais et n’éclaire pas. Une lampe cachée derrière un tube de quartz sale ne crée pas l’éclat gracieux, le jeu brillant de la lumière sur le minéral propre, mais elle reste faible derrière le voile de fumée noire qui rend opaque son abri cristallin.
La lumière de Dieu resplendit là où se trouve une volonté diligente pour enlever chaque jour les scories que produit le travail, avec les contacts, les réactions, les déceptions. La lumière de Dieu resplendit quand la lampe est garnie d’un liquide abondant d’oraison et de charité. La lumière de Dieu se multiplie en d’infinies splendeurs quand s’y trouvent les perfections de Dieu dont chacune suscite chez le saint une vertu qui s’exerce de façon héroïque si le serviteur de Dieu tient le quartz inattaquable de son âme à l’abri de la fumée noire de toutes les mauvaises passions. Un quartz inattaquable. Inattaquable ! (A cette conclusion, la voix de Jésus se fait tonitruante, et elle résonne dans l’amphithéâtre naturel.)
Dieu seul a le droit et le pouvoir de rayer ce cristal, d’y graver son Nom très saint avec le diamant de sa volonté. Alors ce Nom devient un ornement qui multiplie les facettes de beauté surnaturelle sur le quartz très pur. Mais si un indigne serviteur du Seigneur perd le contrôle de lui-même et la vue de sa mission – qui est entièrement et uniquement surnaturelle – et laisse apposer sur ce cristal de faux ornements, des égratignures et non des gravures, des chiffres mystérieux et sataniques tracés par la griffe de feu de Satan, alors la lampe admirable perd sa splendide et toujours intacte beauté : elle se lézarde et se dégrade, étouffant la flamme sous les débris du verre éclaté ou, si elle ne se lézarde pas, elle produit un amas de signes d’une nature non équivoque sur lesquels sa suie se dépose, s’insinue et corrompt. (…)
« Quand je te révèle des épisodes inconnus de ma vie publique, j’entends déjà le chœur des docteurs tatillons dire : “ Mais ce fait n’est pas rapporté par les évangiles. Comment celle-ci peut-elle prétendre : ‘J’ai vu cela ?’ ” Je leur réponds par les mots mêmes de l’Evangile.[...]
Et comme Jean fut présent à tous les prodiges que j’ai accomplis en trois ans, quelle qu’en soit la nature, mon disciple préféré me rend ce témoignage infini : “ C’est ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son témoignage est véridique. Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait. ” (Jn 21,24-25)
Alors ? Que disent maintenant les docteurs de l’ergoterie ?
Une femme qui m’aime porte ma croix pour vous ; elle l’a enlevée de mes épaules et se l’est imposée à elle-même parce qu’elle m’aime au point de vouloir mourir plutôt que de me savoir affligé. Si ma bonté, pour la soulager et pour vous sortir de la léthargie dans laquelle vous mourez, lui fait connaître certains épisodes de mon ministère, voudriez-vous le lui reprocher ?
Vous ne méritez vraiment pas ce don et cet effort de votre sauveur pour vous tirer du miasme dans lequel vous vous asphyxiez. Mais, puisque je vous le donne, acceptez-le et relevez-vous. Ce sont des notes nouvelles qui s’ajoutent au chœur que chantent mes évangiles. Qu’ils servent au moins à attirer de nouveau votre attention qui, désormais, est et demeure inerte devant les épisodes connus des évangiles que, en outre, vous lisez si mal et sans âme !
Vous ne voudriez tout de même pas penser que, en trois ans, j’ai fait seulement les quelques miracles qui sont rapportés ? Vous ne voudriez tout de même pas penser que les quelques femmes guéries citées, les quelques prodiges relatés ont été les seuls que j’ai accomplis ? Mais si l’ombre de Pierre servait à guérir, qu’aura donc fait mon ombre ? Et mon souffle ? mon regard ? Rappelez-vous l’hémorroïsse : “ Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. ” Et il en fut ainsi.
Il émanait de moi une puissance de miracle, en permanence. J’étais venu apporter Dieu et ouvrir les digues de l’Amour, fermées à partir du jour du péché. Des siècles d’amour se répandaient comme des flots sur le petit monde de la Palestine. Tout l’amour de Dieu pour l’homme, qui pouvait enfin se répandre comme il le désirait pour sauver les hommes par l’Amour plus que par le sang.
Vous me direz peut-être : “ Mais pourquoi à elle, à quelqu’un d’aussi misérable ? ”
Je vous répondrai quand elle, que vous méprisez mais que j’aime, sera moins épuisée. Vous mériteriez le silence que j’ai gardé devant Hérode. Mais je fais encore une tentative pour vous sauver, vous que l’orgueil rend les plus difficiles à convaincre. »
Jamais je n’aurais cru qu’un commentaire de l’Evangile puisse me toucher autant. Je lis les méditations depuis que vous me les envoyez, avec admiration. Mais celle-là, c’est un sommet. Je vais demander que le texte de Jean 15, 9-17 soit lu à mes obsèques religieuses si c’est possible... lorsque le jour sera venu !