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FR-Evangile-Illuste-2015-02-12v1 Logo Évangile
L'évangile du jour
« Les petits chiens mangent bien les miettes des petits enfants ! » (Mc 7, 24-30)

En ce temps-là, Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester inaperçu : une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. Il lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Mais elle lui répliqua : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! » Alors il lui dit : « À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle.


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Dans les visions de Maria Valtorta
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Date
12 janvier 29
Lieu
Biram et Aczib
Livre
Tome 5 - ch 3ème année vie publique
331.4

      (...) Mais voilà que survient une femme qui n’est pas de la maison, une pauvre femme en larmes, honteuse… Elle marche toute courbée, presque en rampant et, arrivée près du groupe au milieu duquel se trouve Jésus, elle se met à crier :

       « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma petite fille est toute tourmentée par le démon qui lui fait commettre des choses honteuses. Aie pitié parce que je souffre beaucoup et que je suis méprisée par tous à cause de cela. Comme si ma fille était responsable de ce qu’elle fait… Aie pitié, Seigneur, toi qui peux tout. Elève ta voix et ta main, et ordonne à l’esprit impur de sortir de Palma. Je n’ai que cette enfant et je suis veuve… Oh ! Ne t’en va pas ! Pitié !… »

       En effet, Jésus, qui a fini de bénir chaque membre de la famille et qui a réprimandé les adultes d’avoir parlé de sa venue – et eux s’en excusent en disant : “ Nous n’avons pas parlé, Seigneur, tu peux en être sûr ! ” – s’éloigne. Il fait preuve d’une dureté inexplicable envers la pauvre femme qui se traîne sur les genoux, les bras tendus en une supplication fébrile, en disant :

       « C’est moi, moi qui t’ai vu hier passer le torrent, et j’ai entendu qu’on t’appelait “ Maître ”. Je vous ai suivis parmi les buissons et j’ai entendu vos conversations. J’ai compris qui tu es… Et ce matin, je suis venue alors qu’il faisait encore nuit, pour rester ici sur le seuil comme un petit chien jusqu’au moment où Sarah s’est levée et m’a fait entrer. Oh ! Seigneur, pitié ! Pitié pour une mère et une fillette ! »

       Mais Jésus marche rapidement, sourd à tout appel. Les habitants de la maison disent à la femme :

       « Résigne-toi ! Il ne veut pas t’écouter. Il l’a dit : c’est pour les fils d’Israël qu’il est venu… »

       Mais elle se lève, à la fois désespérée et pleine de foi, et elle répond :

       « Non. Je vais tellement le prier qu’il m’écoutera. »

       Et elle se met à suivre le Maître sans cesser de crier ses supplications qui attirent sur le seuil des maisons du village tous ceux qui sont éveillés et qui, comme ceux de la maison de Jonas, se mettent à la suivre pour voir comment tout cela va se terminer.

       Pendant ce temps, les apôtres, étonnés, se regardent les uns les autres et murmurent :

       « Pourquoi agit-il ainsi ? Il ne l’a jamais fait ! »

       Jean dit :

       « A Alexandroscène, il a pourtant guéri ces deux malheureux.

       – C’étaient cependant des prosélytes, répond Jude.

       – Et celle qu’il va guérir maintenant ?

       – Elle est prosélyte, elle aussi, dit le berger Hanne.

       – Ah ! Mais que de fois il a guéri même des païens ! Et la petite Romaine, alors ? » dit André d’un ton désolé.

       Il ne sait pas rester paisible devant la dureté de Jésus envers la femme cananéenne.

       « Je vais vous dire ce qu’il y a » s’exclame Jacques, fils de Zébédée. « C’est que le Maître est indigné. Sa patience est à bout devant tant d’assauts de la méchanceté humaine. Ne voyez-vous pas comme il est changé ? Il a raison ! Désormais, il ne va se donner qu’à ceux qu’il connaît. Et il fait bien !

       – Oui. Mais en attendant, cette femme nous poursuit de ses cris, avec une foule de gens à sa suite. S’il veut passer inaperçu, il a trouvé moyen d’attirer l’attention même des arbres, bougonne Matthieu.

       – Allons lui dire de la renvoyer… Regardez le beau cortège qui nous suit ! Si nous arrivons ainsi sur la route consulaire, nous allons être frais ! Et elle, s’il ne la chasse pas, elle ne va pas nous lâcher… » dit Jude, fâché, qui, de plus, se retourne et intime à la femme :

       « Tais-toi et va-t’en ! »

       Jacques, fils d’Alphée, solidaire de son frère, en fait autant. Mais, sans se laisser impressionner par ces menaces et ces injonctions, la femme supplie de plus belle.

       « Allons le dire au Maître, pour qu’il la chasse lui-même, puisqu’il ne veut pas l’exaucer. Cela ne peut pas durer ainsi !  dit Matthieu, alors qu’André murmure :

       – La pauvre ! »

       Et Jean ne cesse de répéter :

       « Moi, je ne comprends pas… Je ne comprends pas… »

       Jean est bouleversé de la façon d’agir de Jésus. Mais à présent, en accélérant leur marche, ils ont rejoint le Maître qui marche rapidement comme si on le poursuivait.

       « Maître ! Renvoie donc cette femme ! C’est un scandale ! Elle crie derrière nous ! Elle nous fait remarquer par tout le monde ! La route se remplit de toujours plus de gens… et beaucoup la suivent. Dis-lui de partir.

       – Dites-le-lui vous-mêmes. Moi, je lui ai déjà répondu.

       – Elle ne nous écoute pas. Allons ! Dis-le-lui, toi. Et avec sévérité. »

       Jésus s’arrête et se retourne. La femme prend cela pour un signe de grâce, elle hâte le pas et hausse le ton déjà aigu de sa voix ; son visage pâlit car son espoir grandit.

       « Tais-toi, femme, et retourne chez toi ! Je l’ai déjà dit: “ C’est pour les brebis d’Israël que je suis venu. ” Pour guérir les malades et rechercher celles qui sont perdues. Toi, tu n’es pas d’Israël. »

       Mais la femme est déjà à ses pieds et les baise en l’adorant et serrant ses chevilles, comme si elle était une naufragée qui a trouvé un rocher où se réfugier. Elle gémit :

       « Seigneur, viens à mon secours ! Tu le peux, Seigneur. Commande au démon, toi qui es saint… Seigneur, Seigneur, tu es le Maître de tout, de la grâce comme du monde. Tout t’est soumis, Seigneur. Je le sais. Je le crois. Prends donc ce qui est en ton pouvoir et sers-t’en pour ma fille.

       – Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants de la maison et de le jeter aux chiens de la rue.

       – Moi, je crois en toi. En croyant, de chien de la rue je suis devenue chien de la maison. Je te l’ai dit : je suis venue avant l’aube me coucher sur le seuil de la maison où tu étais, et si tu étais sorti de ce côté là, tu aurais buté contre moi. Mais tu es sorti de l’autre côté et tu ne m’as pas vue. Tu n’as pas vu ce pauvre chien tourmenté, affamé de ta grâce, qui attendait pour entrer en rampant là où tu étais, pour te baiser ainsi les pieds, en te demandant de ne pas le chasser…

       – Il n’est pas bien de jeter le pain des enfants aux chiens, répète Jésus.

       – Pourtant, les chiens entrent dans la pièce où le maître prend son repas avec ses enfants, et ils mangent ce qui tombe de la table, ou les restes que leur donnent les gens de maison, ce qui ne sert plus. Je ne te demande pas de me traiter comme une fille et de me faire asseoir à ta table. Mais donne-moi, au moins, les miettes… »

       Jésus sourit. Oh ! Comme son visage se transfigure dans ce sourire de joie… ! Les gens, les apôtres, la femme, le regardent avec admiration… sentant que quelque chose va arriver.

       Et Jésus dit :

       « Femme ! Ta foi est grande. Et par elle, tu consoles mon âme. Va donc, et qu’il te soit fait comme tu le désires. Dès ce moment, le démon est sorti de ta petite. Va en paix. Et comme, de chien perdu, tu as su vouloir être chien domestique, sache à l’avenir être fille, assise à la table du Père. Adieu.

       – Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Seigneur !… Je voudrais courir pour voir ma Palma chérie… Je voudrais rester avec toi, te suivre ! Tu es béni ! Tu es saint !

       – Va, va, femme. Va en paix. »

       Jésus reprend alors sa route tandis que la Cananéenne, plus leste qu’une enfant, rebrousse chemin en courant, suivie de la foule curieuse de voir le miracle…

       « Mais pourquoi, Maître, l’as-tu tant fait te prier pour ensuite l’écouter ? demande Jacques, fils de Zébédée.

       – A cause de toi et de vous tous. Cela n’est pas une défaite, Jacques. Ici, je n’ai pas été chassé, ridiculisé, maudit… Que cela relève votre esprit abattu. J’ai déjà eu aujourd’hui ma nourriture très douce. Et j’en bénis Dieu. (...)


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Emmerich
Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich

[Anne-Catherine Emmerich (1774-1824), fêtée le 9 février, est une religieuse augustine et mystique allemande, auteur de “La douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ” dans lequel elle raconte (elle était analphabète) à l'écrivain et poète Clemens M. Brentano ses visions concernant la passion de Jésus, soulignant les aspects les plus cruels].

[Maria Valtorta raconte : ] [...] Devant ma perplexité, Jésus répond ceci :

« Je n’ai jamais permis, jusqu’à ce jour, que tu connaisses des livres de révélations réelles, ou d’ouvrages qui relatent les visions de telle ou telle créature. Je l’ai permis maintenant. J’ai même inspiré d’autres personnes de te porter ces deux livres [“Un appel à l’amour”, écrits de sœur M. Josefa Menendez et “Les révélations d’Anne-Catherine Emmerich”], que tu n’aurais jamais connus sinon.

Et je te le dis désormais : si tu le souhaites, lis tranquillement tout ce qui parle de moi ; mais tu t’interdiras de toi-même cette lecture, car tout récit humain te semblera trop insignifiant, il te donnera la nausée, et tu repousseras le livre.

Il ne t’est plus donné d’éprouver du plaisir à lire des livres sur moi, des livres d’homme, “depuis que tu as vu la vérité vraie de ma vie et de ma mort. Toute parole d’écrivain non voyant te paraîtra vide, théâtrale, non sincère, maniérée, ennuyeuse”. Tu pourras encore me retrouver, moi le Jésus réel, Maître ou Martyr, dans les pages des rares âmes auxquelles je me suis moi-même révélé sous mon apparence de Maître et dans mon rôle de Martyr. Dans ces pages-là, tu me reconnaîtras encore. Tu m’as même déjà reconnu, sans te tromper, dans le livre de Josefa : je m’y trouve vraiment, tel que je suis dans les pages que tu as écrites en cinq années.

L’autre ouvrage t’a laissée dans l’incertitude, insatisfaite, et même troublée jusqu’à la nausée…

Tu as raison ! Tu ne m’as pas retrouvé, moi, le vrai Jésus, ni les événements de ma vie, pas plus que ma Mère, ses vrais sentiments, ou même le monde de ce temps-là. Les personnes nourries de la moelle vivante de la vérité, celles qui m’ont réellement vu, ne peuvent apprécier ce qui a été travaillé par les hommes. Or ces pages l’ont été grandement (les pages des révélations d’Anne-Catherine Emmerich).

Et tu t’es demandé : “Mais alors, cette femme, qui prétend tellement aimer Dieu, n’aurait-elle pas dit la vérité ?”

Je te réponds, avec charité mais aussi avec justice, en te conseillant de te remettre en mémoire les conditions qui sont, comme je te l’ai dit, indispensables pour qu’un instrument soit parfait : une humilité constante, une sincérité scrupuleuse, une obéissance totale. L’Allemande avait bien ces vertus. Je te réponds donc :

Par un ensemble de circonstances, ces pages “ne reflètent pas” la vérité de ce qu’elle a vu.

La poussière de l’humanité a corrompu la pureté de la vérité.

Les hommes ont voulu faire des ajouts à l’œuvre de Dieu, et l’ont défigurée, comme toujours. C’est ce qui serait arrivé aux visions que je t’ai données si toi, ou d’autres, aviez voulu y ajouter quoi que ce soit ou apporter des modifications. Toi dans l’idée d’enjoliver le récit, d’autres en pensant le perfectionner. Vous auriez tout gâché. Dieu seul est Vérité, Dieu seul est un parfait Auteur.

“Dans ce cas précis”, l’Eglise enseignante a raison de se montrer perplexe et d’hésiter depuis tellement d’années à définir les révélations d’Anne-Catherine. “Dans ce cas précis”. Dans le tien, elle ne doit pas l’être : le simple sens commun et un bon discernement permettent, en comparant les pages de l’Allemande aux pages que tu as écrites à la suite de visions, de sentir la différence : dans tes pages, on me reconnaît, moi, on sent la vérité historique, pure, de ton récit. »

Les Carnets, 28 janvier 1949