« Est-ce que la lampe est apportée pour être mise sous le boisseau ? »
(Mc 4, 21-25)
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Est-ce que la lampe est apportée pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ? Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir à la clarté. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Il leur disait encore : « Faites attention à ce que vous entendez ! La mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous, et il vous sera donné encore plus. Car celui qui a, on lui donnera ; celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a. »
(…) J’ai dit également que vous étiez une lumière. Quand, le soir, on allume une lampe dans la maison, où la met-on ? Dans un trou, sous le four ? Dans la grotte qui sert de cave ? Ou renfermée dans un coffre ? Ou tout simplement la cache-t-on sous le boisseau ? Non, parce qu’il serait alors inutile de l’allumer. Mais on pose la lampe sur une console ou bien on l’accroche à un support élevé pour que, de là-haut, elle éclaire toute la pièce et tous ceux qui s’y trouvent. Mais puisque la lampe que l’on place en hauteur est chargée de rappeler Dieu et de donner de la lumière, elle doit être à la hauteur de son devoir.
Vous qui devez rappeler le vrai Dieu, faites en sorte de ne pas avoir en vous le paganisme aux sept éléments. Autrement, vous deviendriez des hauts lieux profanes avec des bois sacrés, dédiés à tel ou tel dieu et vous entraîneriez dans votre paganisme ceux qui voient en vous des temples de Dieu. Vous devez porter la lumière de Dieu. Une lampe sale, une lampe qui n’est pas garnie d’huile, fume et ne donne pas de lumière, elle sent mauvais et n’éclaire pas. Une lampe cachée derrière un tube de quartz sale ne crée pas l’éclat gracieux, le jeu brillant de la lumière sur le minéral propre, mais elle reste faible derrière le voile de fumée noire qui rend opaque son abri cristallin.
La lumière de Dieu resplendit là où se trouve une volonté diligente pour enlever chaque jour les scories que produit le travail, avec les contacts, les réactions, les déceptions. La lumière de Dieu resplendit quand la lampe est garnie d’un liquide abondant d’oraison et de charité. La lumière de Dieu se multiplie en d’infinies splendeurs quand s’y trouvent les perfections de Dieu dont chacune suscite chez le saint une vertu qui s’exerce de façon héroïque si le serviteur de Dieu tient le quartz inattaquable de son âme à l’abri de la fumée noire de toutes les mauvaises passions. Un quartz inattaquable. Inattaquable ! (A cette conclusion, la voix de Jésus se fait tonitruante, et elle résonne dans l’amphithéâtre naturel.)
Dieu seul a le droit et le pouvoir de rayer ce cristal, d’y graver son Nom très saint avec le diamant de sa volonté. Alors ce Nom devient un ornement qui multiplie les facettes de beauté surnaturelle sur le quartz très pur. Mais si un indigne serviteur du Seigneur perd le contrôle de lui-même et la vue de sa mission – qui est entièrement et uniquement surnaturelle – et laisse apposer sur ce cristal de faux ornements, des égratignures et non des gravures, des chiffres mystérieux et sataniques tracés par la griffe de feu de Satan, alors la lampe admirable perd sa splendide et toujours intacte beauté : elle se lézarde et se dégrade, étouffant la flamme sous les débris du verre éclaté ou, si elle ne se lézarde pas, elle produit un amas de signes d’une nature non équivoque sur lesquels sa suie se dépose, s’insinue et corrompt (…)
Azarias [l'ange gardien de Maria Valtorta] dit :
[...] « Paul dit que tout ce qui a été écrit pour vous instruire dans le Seigneur, l’a été pour que vous possédiez l’espérance [Rm 15, 4].
Quelle espérance ? Celle des promesses divines.
Certes, les promesses sont sûres, et il s’ensuit qu’il faut faire mieux qu’espérer, il faut croire, et croire de façon absolue, qu’elles s’accompliront ; toutefois, elles s’accompliront si vous savez persévérer et vous conduire dans les diverses contingences de la vie avec patience et avec cette force qui vient des consolations, dont déborde l'Écriture.
Cette vie est en effet un combat continuel, toujours nouveau, plein d’inconnu et de surprises, un combat qui exténuerait même un héros s’il n’était soutenu par quelque chose de surnaturel.
Ce quelque chose, c’est Dieu, sa Loi et ses promesses, c’est la certitude de la vie future, la foi certaine que l’Homme qui s’est immolé pour vous ne pouvait être que Dieu, car personne d’autre que le Christ n’a jamais su vivre et mourir comme il a vécu et comme il est mort.
Voilà ce qui alimente vos forces de combattants à présent, de vainqueurs demain.
Ce sont les certitudes et les réconforts que le Dieu de la patience et des consolations vous infuse pour que vous sachiez lutter avec le Christ et pour le Christ, et parvenir à la gloire que, par lui, vous pouvez obtenir.
Avec la foi et l’espérance, Paul rappelle la charité sans laquelle toute le reste est vain. Vivre les vertus plus austères serait vain si ce n’était uni à la charité.
Celui qui pratiquerait les plus austères pénitences, qui serait tempérant, honnête, continent, qui croirait et espérerait en Dieu, qui observerait les commandements et les préceptes, mais n’aimerait pas son prochain, celui-là mortifierait ses vertus au point qu’il devrait bien longuement expier son péché d’égoïsme.
L’amour de Dieu est saint, l’obéissance aux préceptes est sainte, la tempérance est sainte et l’honnêteté bonne. Mais sans amour du prochain, tout cela n’est-il pas semblable à un arbre trop taillé dont il ne reste que le tronc dur, sans branches ni feuilles, sans fleurs ni fruits ?
Il est alors inutile au voyageur qui souffre de la chaleur et recherche de l’ombre, inutile pour se protéger de l’averse, inutile à l’homme découragé qui, rien qu’à la vue des fleurs, y aurait trouvé comme une parole d’espérance pour l’avenir, inutile à l’affamé qui ne peut refaire ses forces languissantes grâce au fruit cueilli sur ses branches et sentir qu’il y a un Dieu qui veille sur les besoins de ses enfants, inutile même à l’oiseau qui cherche en vain un refuge sur ce tronc dépouillé.
Vraiment, la vertu rigide et privée d’amour est une triste vision de tronc vigoureux, mais sec et destiné à mourir.
C’est encore de l’égoïsme.
C’est encore du pharisaïsme.
C’est un paganisme qui se substitue au vrai culte.
Car la vraie religion s’appuie sur les deux colonnes des deux amours de Dieu et du prochain, et tout l’édifice est précaire, sans harmonie, s’il est soutenu par une seule colonne.
La Loi demande d’aimer Dieu et de s’aimer entre frères, en s’accueillant les uns les autres, en se soutenant, en s’instruisant, en compatissant comme fit le Christ. » [...]
Le Livre d’Azarias, 8 décembre 1946