Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
(…) Je vois un beau coucher de soleil d’été. Le soleil a embrasé tout l’occident, et le lac de Génésareth est un gigantesque miroir où se reflète le ciel illuminé.
Les rues de Capharnaüm commencent à peine à être envahies par les gens : femmes qui vont à la fontaine, hommes, pêcheurs qui préparent les filets et les embarcations pour la pêche nocturne, enfants qui courent en jouant à travers les rues, ânes chargés de paniers qui se dirigent vers la campagne, peut-être pour en rapporter des légumes.
Jésus s’avance vers une porte qui donne sur une petite cour tout ombragée par une vigne et un figuier. Plus loin, un chemin empierré borde le lac. Ce doit être la maison de Pierre (en réalité, c’est la maison de la belle-mère de Pierre) car il est sur la rive avec André, en train de préparer dans la barque les paniers à poissons et les filets, et de ranger bancs et cordages. Tout cela pour la pêche, en somme, et André l’aide, allant et venant de la maison à la barque.
Jésus interpelle son apôtre :
« La pêche sera-t-elle bonne ?
– Le temps est favorable. L’eau est calme et il y aura un clair de lune. Les poissons remonteront du fond et mon filet les entraînera.
– Nous y allons seuls ?
– Oh ! Maître, mais comment veux-tu que nous manipulions seuls tout ce dispositif de filets ?
– Je n’ai encore jamais pêché et j’attends que tu me l’apprennes. »
Jésus descend tout doucement vers le lac et s’arrête sur la rive de gros sable caillouteux, près de la barque.
« Regarde, Maître, comment on fait : je sors à côté de la barque de Jacques, fils de Zébédée, et on va ainsi ensemble vers l’endroit favorable. Puis, on descend le filet. Nous en tenons un bout, nous. Tu m’as dit que tu veux le tenir ?
– Oui, si tu me dis ce que je dois faire.
– Il n’y a qu’à surveiller la descente. Il faut que le filet descende lentement et sans faire de nœuds. Lentement parce que nous serons sur le lieu de pêche et un mouvement trop brusque peut éloigner les poissons, et sans nœuds pour ne pas fermer le filet qui doit s’ouvrir comme une bourse ou, si tu préfères, une voile gonflée par le vent. Puis, une fois la descente terminée, nous ramerons doucement ou bien nous avancerons à la voile selon ce qu’il faudra, en faisant un demi-cercle sur le lac. Quand la vibration de la cheville de sécurité nous indiquera que la pêche est bonne, nous nous dirigerons vers la terre et là, presque à la rive – mais pas trop tôt pour ne pas risquer que la proie nous échappe, pas trop tard pour ne pas abîmer les poissons et le filet sur les cailloux –, nous hisserons le filet. C’est alors qu’il faut avoir l’œil car les barques doivent se rapprocher au point qu’on puisse prendre l’extrémité du filet que passe l’autre barque sans pourtant nous heurter pour ne pas écraser le filet plein de poissons.
Fais attention, Maître, c’est notre gagne-pain. Garde toujours un œil sur le filet pour qu’il ne s’ouvre pas sous les secousses des poissons. Ils défendent leur liberté par de forts coups de queue et s’ils sont nombreux… Tu comprends… Ce sont de petites bêtes, mais à dix, cent, mille, ils deviennent forts comme le Léviathan.
– C’est la même chose avec les fautes, Pierre. Au fond, une seule, ce n’est pas irréparable. Mais si, au lieu de s’arrêter à cette “ première ”, on ne cesse de les accumuler, il arrive un moment où la petite faute – peut-être une simple omission, une simple faiblesse – devient toujours plus forte, se transforme en habitude pour finir en vice capital. Parfois on commence par un regard de concupiscence et on termine avec un adultère consommé. D’autres fois, c’est un manque de charité verbal à l’égard d’un parent qui finit en violence contre le prochain. Soyez vigilants dès le début pour que les fautes n’augmentent pas leur poids sous leur nombre ! Elles deviennent dangereuses et toutes puissantes, comme le Serpent infernal lui-même et elles vous entraînent à l’abîme de la géhenne.
– Tu parles bien, Maître… Mais nous sommes si faibles !
– Il y faut vigilance et prière pour être fort et avoir du secours, et ferme volonté de ne pas pécher. Et aussi une grande confiance dans la justice pleine d’amour du Père.
– Tu dis qu’il ne se montrera pas trop sévère pour le pauvre Simon ?
– Pour le vieux Simon, il pouvait encore se montrer sévère. Mais pour mon Pierre, l’homme nouveau, l’homme de son Christ… non, Pierre, il t’aime et continuera à t’aimer.
– Et moi ?
– Toi aussi, André ; et avec toi, Jean et Jacques, Philippe et Nathanaël. Vous êtes mes premiers élus.
– Il en viendra d’autres ? Il y a ton cousin, et en Judée…
– Ah oui, beaucoup ! Mon Royaume est ouvert à tout le genre humain et, en vérité, je te dis que, au cours de la nuit des siècles, ma pêche sera plus abondante que la plus abondante des tiennes… que chaque siècle est une nuit où le guide et la lumière ne sont pas la pure lumière d’Orion ni celle de la lune qui parcourt le ciel, mais la parole du Christ et la grâce qui viendra de lui. Cette nuit connaîtra l’aurore d’un jour sans crépuscule, d’une lumière dans laquelle tous les fidèles vivront, d’un soleil qui revêtira les élus et les rendra beaux, éternels, heureux comme des dieux. Des dieux inférieurs au Père dont ils sont les fils et semblables à moi… Vous ne pouvez pas encore comprendre, mais en vérité, je vous dis que votre vie chrétienne vous obtiendra de ressembler à votre Maître et ce seront les mêmes signes qui vous feront resplendir dans le Ciel. Eh bien ! J’aurai, malgré la haine de Satan et la faible volonté de l’homme, une pêche plus abondante que la tienne.
– Mais serons-nous tes seuls apôtres ?
– Jaloux, Pierre ? Non, ne le sois pas. D’autres viendront et dans mon cœur, il y aura de l’amour pour tous. Ne sois pas avare, Pierre. Tu ne sais pas encore qui est celui qui t’aime. As-tu jamais compté les étoiles ? Et les pierres qui tapissent le fond du lac ? Non, tu ne le pourrais pas, mais encore moins pourrais-tu compter les battements d’amour dont mon cœur est capable. As-tu jamais pu compter le nombre de fois où la mer dépose sur le rivage le baiser de ses eaux au cours de douze lunes ? Non, tu ne le pourrais pas, mais tu pourrais encore moins compter les vagues d’amour qui se déversent de ce cœur pour donner ses baisers aux hommes. Sois sûr, Pierre, de mon amour. »
Pierre prend la main de Jésus et l’embrasse. Il est fortement ému.
André regarde et n’ose pas, mais Jésus lui pose la main dans les cheveux et dit :
« Toi aussi, je t’aime beaucoup. A l’heure de ton aurore, tu verras se réfléchir sur la voûte du ciel – tu le verras sans devoir lever les yeux – ton Jésus qui te sourira pour te dire : “ Je t’aime, viens ”, et ton entrée dans l’aurore te sera plus douce que l’entrée dans une chambre nuptiale (…)
Jésus dit :
“‘Quelle paix ? Les fornications de ta mère Jézabel et ses nombreux empoisonnements existent toujours.’
J’avais dit que pour obtenir une paix véritable, et non seulement une trêve dans la guerre, il fallait supprimer en vous tout ce qui est une fornication avec Satan. Je l’ai dit par la bouche de mes saints et je l’ai fait dire par ma Mère. Cela fait des décennies que je le répète et cela fait des décennies que vous vous entêtez dans la conduite opposée. Mes mots se sont faits plus pressants ces derniers temps. Mais vous n’avez pas changé. Au contraire, vous avez fait de votre fornication avec Satan votre mode de vie.
Vous faites passer tout avant Dieu. Et ce Dieu que vous invoquez au moment où vous avez peur est pour vous une Entité si lointaine, si inconnue, que vous ne devriez même plus l’invoquer ou blasphémer contre lui si vous étiez conséquents, tellement vous vous êtes éloignés de lui. En fait, vos invocations sont des blasphèmes parce que vous l’appelez avec des lèvres souillées, parce que vous l’invoquez pendant que vous êtes encore unis à Satan, parce que vous osez mêler son Nom très saint à vos projets criminels.
La paix a été promise aux humains de bonne volonté. Le Christ est venu apporter la Paix. Mais si vous chassez le Christ et si vous n’avez pas de bonne volonté, comment pourrez-vous avoir la paix ? Vous vous arrêtez parfois. Mais ce ne seront que des pauses entre un carnage et un autre pour donner le temps à vos esprits vendus à Satan d’apprendre de lui de nouvelles doctrines de mort et de nouveaux instruments de destruction.
Mort aux âmes et mort aux chairs. Destruction d’esprits et destruction de choses. Votre croissance en Satan est impressionnante. Bientôt, vous aurez atteint la force de l’âge où il n’aura plus rien à vous enseigner, et alors l’Enfer pourra donner naissance à son enfant, l’Antéchrist, car les temps seront mûrs et les humains auront mérité de connaître l’horreur qui précède la fin.”