En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. »
(…) « Ce serait beau si l’homme était parfait comme le veut le Père des Cieux : parfait dans toutes ses pensées, ses affections, ses actes. Mais l’homme ne sait pas l’être. Il utilise mal les dons de Dieu, qui a accordé à l’homme la liberté d’agir, mais en lui demandant de faire ce qui est bien, en lui conseillant ce qui est irréprochable pour que l’homme ne puisse pas dire : “ Je ne savais pas. ”
Comment l’homme se sert-il de la liberté que Dieu lui a accordée ? Comme le ferait un enfant pour la plus grande partie de l’humanité, et comme un inconscient, ou comme un criminel pour le reste de l’humanité. Mais ensuite vient la mort, et l’homme est soumis au Juge qui lui demandera sévèrement : “ Comment as-tu usé et abusé de ce que je t’ai donné ? ” Terrible question ! les biens de la terre, pour lesquels si souvent l’homme se rend pécheur, paraîtront alors moins que rien ! Pauvre d’une indigence éternelle, dépouillé d’un vêtement que rien ne peut remplacer, il se tiendra humilié et tremblant devant la Majesté du Seigneur, et il ne trouvera pas de mot pour se justifier. Car s’il est aisé, sur terre, de se justifier en trompant les pauvres hommes, au Ciel, c’est impossible. On ne peut tromper Dieu. Et Dieu ne s’abaisse pas à des compromis. Jamais.
Dans ce cas, comment se sauver ? Comment faire pour que tout serve au salut, même ce qui est venu de la Corruption ? C’est elle qui a appris à voir des instruments de richesse dans les métaux précieux et les joyaux, et qui a allumé les désirs de puissance et les appétits charnels. L’homme, riche ou pauvre, pourra-t-il jamais se sauver, lui qui, si pauvre qu’il soit, peut toujours pécher en désirant immodérément l’or, les honneurs et les femmes et devient même parfois voleur pour obtenir ce que le riche possédait ? Si, il le peut. Et comment ? En faisant servir l’abondance au Bien, en faisant servir la misère au Bien. Le pauvre qui n’envie pas, qui n’insulte pas, qui ne porte pas atteinte à ce qui appartient à autrui, mais se contente de ce qu’il a, utilise son humble état pour obtenir sa future sainteté. En vérité, la plupart des pauvres savent agir ainsi. Les riches y arrivent moins souvent, car pour eux la richesse est un piège continuel de Satan, de la triple concupiscence.
Mais écoutez une parabole, et vous verrez que les riches eux aussi peuvent se sauver en dépit de leur fortune, ou réparer leurs erreurs passées en faisant bon usage de leurs biens, même s’ils ont été mal acquis. Car Dieu, le Très-Bon, laisse toujours à ses enfants de nombreux moyens de se sauver.
Il y avait donc un riche qui avait un intendant (…)