On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver.
Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon.
Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! »
Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage.
Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
(...) – Tu nous humilies, Jésus. Puisque tu es le Maître et que nous sommes ignorants, pourquoi ne veux-tu pas nous instruire ?
– Voici trois ans que je le fais, et vous êtes de plus en plus dans les ténèbres, parce que vous repoussez la lumière.
– C’est peut-être vrai. Mais ce qui a existé dans le passé peut disparaître ensuite. Eh quoi ? Toi qui fais preuve de compassion pour les publicains et les prostituées, toi qui absous les pécheurs, veux-tu te montrer sans pitié pour nous, uniquement parce que nous avons la tête dure et que nous avons du mal à comprendre qui tu es ?
– Vous n’avez pas du mal à comprendre : vous ne le voulez pas. Etre peu intelligent ne serait pas une faute. Dieu a tant de lumières qu’il pourrait illuminer l’esprit le plus obtus, mais plein de bonne volonté. Or c’est cette dernière qui manque en vous ; pire, vous avez une volonté opposée. C’est pour cela que vous ne comprenez pas qui je suis.
– Il est possible qu’il en soit ainsi. Tu vois comme nous sommes humbles. Mais, nous t’en prions au nom de Dieu, réponds à nos questions. Ne nous tiens pas davantage en haleine. Jusqu’à quand notre esprit devra-t-il demeurer incertain ? Si tu es le Christ, révèle-le-nous ouvertement.
– Je vous l’ai dit. Je vous l’ai dit dans les maisons, sur les places, sur les routes, dans les villages, sur les monts, le long des fleuves, en face de la mer, devant les déserts, dans le Temple, dans les synagogues, sur les marchés, et vous ne croyez pas. Il n’est pas de lieu en Israël qui n’ait entendu ma voix. (...)
« Mes bien chères filles, ayez l’âme de Lucie, de Jacinthe et de François, qui m’ont reçue parce qu’ils étaient simples comme leurs brebis. Sachez regarder constamment vers le haut, car la Mère ne descend pas dans la boue, mais elle se tient au-dessus de vous dans l’azur du ciel. Imitez-moi, ayez ma pureté comme vêtement de l’âme, l’âme en prière comme mes mains jointes pour implorer miséricorde pour les mortels, la douceur de mon sourire pour adoucir la vie communautaire, et surtout un cœur immaculé autant que possible, afin que mes filles héritent du cœur et de l’hérédité de leur mère : imitez-moi, aimez-moi, élevez-vous.
Je ne m’adresse pas à Maria de la Croix.* Elle est dans mon cœur l’unique berceau pour l’apaiser. La pauvre colombe épuisée peut pénétrer dans mon cœur transpercé, y demeurer pour se désaltérer aux larmes de compassion que la mère verse sur elle, et s’y reposer en oubliant l’existence de la haine du monde, car il serait pour elle trop pénible de continuer sans que mon amour ne la console. Aimez-vous donc, vous trois et elle. Aimez-vous en moi et dans mon Fils qui vous a unies dans l’amour par un grand désir de l’aimer.
A Iria, il y a une nouvelle cathédrale. Elle est belle. Mais je désire les petites chapelles des cœurs qui aiment mon cœur. Elles sont plus parfumées d’amour et plus débordantes de roses. Faites en sorte que je puisse descendre dans vos cœurs pour vous communiquer ma douceur et vous enseigner l’acceptation constante de la volonté divine. C’est cette acceptation qui a fait de moi une Reine, car ceux qui déposent leur couronne seront couronnés. En d’autres termes, la couronne de la sainteté repose sur les âmes qui savent déposer la couronne de leur humanité en acceptant de servir le Seigneur en toutes choses.
Que ma bénédiction soit sur vous. »
La veille au soir, le 12 mai, elle m’était apparue, très belle, telle que les trois bergers la virent certainement en haut du chêne vert, pour me dire avec un sourire à tomber en extase : «Je te bénis, ma fille bien-aimée, de toutes les bénédictions de la Mère, tout l’amour de mon cœur pour te consoler de tout. Je te bénis, ma fille bien-aimée. Je te bénis.» Malgré ma grande souffrance physique et morale, je me suis alors endormie paisiblement, comme si tout s’était calmé sous l’effet du sourire et des paroles de Marie.
Jamais je n’aurais cru qu’un commentaire de l’Evangile puisse me toucher autant. Je lis les méditations depuis que vous me les envoyez, avec admiration. Mais celle-là, c’est un sommet. Je vais demander que le texte de Jean 15, 9-17 soit lu à mes obsèques religieuses si c’est possible... lorsque le jour sera venu !