Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme.
(Mt 11, 16-19)
En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »
– Nous disions : “ Mais est-ce que Jean sera dans le Royaume ? Et comment y sera-t-il ? ”
– dans son âme, il appartient déjà au Royaume, et il y sera après sa mort comme un des soleils les plus brillants de la Jérusalem éternelle. Et cela en raison de la grâce qui, en lui, est sans défaut et en raison de sa volonté propre. Car il a été et il est violent même avec lui-même, pour un but saint… Depuis Jean-Baptiste, le Royaume des Cieux appartient à ceux qui savent le conquérir par la violence contre le Mal, et ce sont les violents qui s’en emparent. Car on sait maintenant ce qu’il convient de faire et tout est donné pour cette conquête. Nous n’en sommes plus au temps où seuls la Loi et les prophètes avaient la parole. Ils ont parlé jusqu’à Jean. Maintenant, c’est la Parole de Dieu qui parle et elle ne cache pas un iota de ce qu’il faut savoir pour mener cette conquête à bien. Si vous croyez en moi, vous devez donc voir en Jean cet Elie qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !
A quoi comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à ces gamins qui, assis sur la place, interpellent leurs compagnons : “ Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; nous avons entonné des lamentations et vous n’avez pas pleuré. ” En effet, Jean est venu, lui qui ne mange ni ne boit, et cette génération dit : “ S’il peut agir ainsi, c’est que le démon l’aide. ” Le Fils de l’homme est venu, il mange et il boit, et l’on dit : “ Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. ” Ainsi la Sagesse voit ses enfants lui rendre justice !
En vérité, je vous le dis, seuls les tout-petits savent reconnaître la vérité parce qu’il n’est pas de malice en eux. (…)
Sainte Lucie, que j’ai tellement priée pour qu’elle me fasse le cadeau du retour, m’offre au contraire une vision céleste qui débute pendant que, avec Marta, je récite le rosaire et les prières de Fatima.
Je vois un ciel nocturne constellé d’étoiles, un beau ciel d’orient d’un bleu saphir presque noir couvert de grappes d’astres lumineux; un paysage nocturne qui dort sous la nuit ; de petites maisons blanches, toutes fermées et silencieuses. Il y en a une, au devant, qui est presque carrée, avec sa terrasse et son espèce de petit dôme, si net que je pourrais, si j’en étais capable, en décrire les moindres détails. Le paysage ondule légèrement, comme s’il se situait dans un doux vallon entre des collines.
Du ciel descend toute une procession d’anges d’une blancheur lumineuse, incorporels et pourtant sensibles à l’œil humain. Ils sont magnifiques. Ils forment une courbe en se dirigeant du ciel vers la terre, vers la petite ville paisible et endormie ; la nuit devient plus claire en raison de la lumière des corps angéliques. Les deux premiers, superbes au-delà de toute description, descendent rapidement, mais sans bouger les ailes, les mains croisées sur la poitrine, le visage incliné vers la bourgade et étincelant d’amour surnaturel. Puis viennent tous les autres, une foule innombrable !
Je ne sais s’ils faisaient de la musique en fendant l’air ou par leur palpitation d’amour. Probablement l’un et l’autre. Ce qui est certain, c’est qu’elle n’avait rien d’un chant matériel, qui nécessite paroles, cordes vocales, voix et art. Et du fait que cette musique était immatérielle, elle était infiniment belle, d’une beauté indescriptible… Je ne peux retenir ce chant non humain. Mon cœur en est rempli, mon âme exulte, toute ma peine s’en trouve effacée, mais je ne saurais en répéter une seule note. Je ne sais pourquoi, je pense à ce chant dont mon saint jean annonce qu’il sera chanté uniquement par ceux qui auront suivi l’agneau, par les cent quarante-quatre mille sauvés qui ne se seront pas souillés avec la chair…
L’armée céleste, pure et harmonieuse, passe et repasse sur sa trajectoire qui unit la terre au ciel. Je vois les anges disparaître après avoir effleuré la terre, puis redescendre comme s’ils faisaient une roue de vols du trône de Dieu à la bourgade…
… Jésus me dit alors – mais sans m’apparaître – : « Voici le premier réconfort apporté à ta souffrance en ce temps de Noël : le chant qui remplissait les horizons la nuit qui m’a vu naître. Les anges chantent de tout leur amour : “ Paix aux hommes de bonne volonté. ” Ils te chantent la paix, à toi. Réjouis-t’en. Je te bénis. »