« Ma maison sera une maison de prière »
(Lc 19, 45-48)
En ce temps-là, entré dans le Temple, Jésus se mit à en expulser les vendeurs. Il leur déclarait : « Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. » Et il était chaque jour dans le Temple pour enseigner. Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir, mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait.
(…) Les voilà aux portes de l’enceinte du Temple. Jésus descend de l’ânon, qu’un homme de Bethphagé prend sous sa garde.
Il faut remarquer que Jésus ne s’est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu’il a suivi l’enceinte, jusqu’au moment où il est arrivé du côté nord, près de l’Antonia. C’est là qu’il descend et entre dans le Temple, comme pour bien montrer au pouvoir dominant qu’il ne se cache pas, et se sent innocent dans toute sa conduite.
La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux… à cette seule différence que tout le monde les a délaissés pour venir voir Jésus.
Celui-ci entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne les yeux vers ce marché, puis vers un groupe de pharisiens et de scribes qui l’observent de dessous un portique.
Son regard étincelle d’indignation. A l’improviste, il bondit au milieu de la cour. Il semble voler, comme une flamme, car son vêtement flamboie sous le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d’une voix puissante :
« Hors de la maison de mon Père ! Le Temple n’est pas un lieu d’usure et de marché. Il est écrit : “ Ma maison sera appelée maison de prière. ” Pourquoi donc avez-vous fait une caverne de voleurs de cette maison où est invoqué le nom du Seigneur ? Hors d’ici ! Purifiez ma maison, pour éviter que, au lieu de me servir de cordes, je vous frappe des foudres de la colère céleste. Sortez d’ici ! Hors d’ici les voleurs, les fraudeurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les tenants de la pire idolâtrie : celle de l’amour-propre orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors ! Dehors ! Sinon, le Très-Haut balaiera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple. »
Il ne réitère pas les coups de fouet de l’autre fois mais, comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant sur le sol balances et pièces de monnaie.
Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l’ordre de Jésus, après avoir vu ce premier exemple. Jésus crie derrière eux :
« Combien de fois devrai-je vous dire que cet endroit ne doit pas être un lieu de souillure, mais de prière ? »
Et il regarde les hommes du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas le moindre geste de représailles. (…)
« Que de choses cet épisode de Cécile doit vous apprendre ! C’est un évangile de la foi. Car la foi de Cécile était encore plus grande que celle de bien d’autres vierges.
Voyez : elle va vers ses noces en me faisant confiance parce que j’ai dit : « Si vraiment vous avez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous direz à une montagne : déplace-toi, et il se déplacera (Matthieu 17,20 / Luc 17,6).» Elle y va avec la certitude du triple miracle d’être préservée de toute violence, d’être apôtre pour son époux païen et d’être indemne pour le moment de toute dénonciation de sa part. Sûre dans sa foi, elle fait un pas périlleux aux yeux de tous, mais pas aux siens, qui sont fixés sur moi et voient mon sourire. Et sa foi obtient ce qu’elle a espéré.
Comment marche-t-elle vers cette épreuve ? En étant fortifiée par moi. Elle se lève d’un autel pour aller à l’épreuve, non pas d’un lit. Elle ne parle pas à des hommes, elle parle à Dieu. Elle ne cherche aucun appui ailleurs qu’en moi.
Elle aimait saintement Valérien, elle l’aimait mieux que charnellement. En épouse angélique, elle veut continuer à aimer ainsi son conjoint durant toute la vraie Vie. Elle ne se borne pas à le rendre heureux ici-bas. Elle veut son bonheur éternel. Elle n’est pas égoïste. Elle lui donne ce qui est bon pour lui : la connaissance de Dieu. Elle affronte le péril à condition de le sauver. Comme une mère, elle ne se soucie pas du danger pour donner la Vie à une autre créature.
La vraie foi n’est jamais stérile. Elle suscite des ardeurs de paternité et de maternité spirituelles qui remplissent les siècles de saintes chaleurs. En ces vingt siècles, combien ne se sont-ils pas donnés eux-mêmes en eunuques volontaires (Matthieu 19,12) pour être libres d’aimer, non pas quelques infidèles, mais beaucoup, et même tous ?
Voyez combien de vierges servent de mères aux orphelins, combien d’hommes vierges en font autant à l’égard des abandonnés. Voyez combien de personnes généreuses sans habit religieux font le sacrifice de leur vie pour conduire à Dieu la plus grande des misères : les âmes qui se sont perdues et deviennent folles de désespoir et de solitude spirituelle. Regardez. Vous ne les connaissez pas. Mais moi je connais chacune d’elles et je vois en elles des bien-aimées du Père.
Cécile vous enseigne une autre chose: pour mériter de voir Dieu, il importe d’être pur. Elle l’enseigne à Valérien, mais aussi à vous. Je l’ai dit : « Bienheureux les purs, car ils verront Dieu (Matthieu 5,8).»
Être pur ne veut pas dire être vierge. Il est des vierges impures, comme des pères et des mères purs. La virginité est le fait d’être inviolé physiquement et — du moins cela devrait l’être aussi — spirituellement. La pureté est la chasteté qui perdure malgré toutes les contingences de la vie. Est pur celui qui ne pratique pas et ne satisfait pas les convoitises et les appétits de la chair. Est pur celui qui ne prend aucun plaisir aux pensées, paroles ou spectacles licencieux. Est pur celui qui, convaincu de l’omniprésence de Dieu, se comporte toujours comme s’il était au milieu de tout un public, qu’il soit seul ou avec d’autres.
Dites-moi : feriez-vous au milieu d’une place ce que vous vous permettez de faire dans votre chambre ? Diriez-vous à d’autres, que vous désirez voir garder une haute opinion de vous, ce qui vous passe par la tête ? Non, car dans la rue vous encourriez les peines des hommes et, aux yeux des autres, le mépris. Alors pourquoi agissez-vous autrement à l’égard de Dieu ? N’avez-vous pas de scrupule à lui paraître des porcs alors que vous auriez honte de le paraître aux yeux des hommes ? » [...]
La Force des Martyrs dans les écrits de Maria Valtorta (Compendium)
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