« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
(...) Vous pouvez témoigner que j’ai dit :
« Je ne suis pas le Christ, mais celui qui a été envoyé devant lui pour lui préparer le chemin.» L’homme juste ne s’approprie pas un nom qui n’est pas le sien et, même si quelqu’un veut le louer en lui disant : « C’est toi, celui-là », c’est-à-dire le Saint, il répond : « Non. En vérité, non. Je suis son serviteur. » Et il en ressent également une grande joie car il dit : « Voilà, c’est que je lui ressemble un peu si l’on peut me prendre pour lui. » Or que veut celui qui aime, si ce n’est ressembler à l’être aimé ? Seule l’épouse jouit de l’époux. Celui qui s’est entremis pour le mariage ne pourrait en jouir car ce serait immoralité et vol. Mais l’ami de l’époux qui se tient dans son voisinage et entend sa voix que remplit la joie nuptiale, éprouve une joie si vive qu’elle est un peu semblable à celle qui rend heureuse la vierge que l’ami a épousée et que cela lui donne un avant-goût du miel des paroles nuptiales. C’est ma joie, et elle est complète.
Que fait encore l’ami de l’époux après l’avoir servi des mois durant et après avoir escorté son épouse jusqu’à la maison ? Il se retire et disparaît. Ainsi en est-il de moi ! Un seul reste : l’époux avec l’épouse : l’Homme avec l’Humanité. Ah ! Quelle parole profonde ! Il faut qu’il croisse et que je diminue.
Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous. Les patriarches et les prophètes s’effacent à son arrivée, car il est pareil au soleil qui éclaire tout et d’une lumière si vive que les astres et les planètes, dont la lumière est éteinte, s’en revêtent ; quant à ceux qui ne sont que ténèbres par eux-mêmes, ils disparaissent dans sa suprême splendeur.
Il en est ainsi, car, lui, il vient du Ciel, tandis que les patriarches et les prophètes doivent monter au Ciel, mais n’en proviennent pas. Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous et il annonce ce qu’il a vu et entendu. Mais celui qui ne tend pas vers le Ciel ne peut accepter son témoignage, et par conséquent il renie Dieu.
Ceux qui acceptent le témoignage de celui qui est descendu du Ciel scellent leur foi en Dieu Vérité, et non pas fable sans vérité ; ils entendent la Vérité parce qu’ils ont une âme qui la recherche. Car Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu lui a donné l’Esprit avec plénitude ; or l’Esprit dit : « Me voici. Prends-moi, Je veux être avec toi, qui es le délice de notre amour. » Car le Père aime le Fils sans mesure et lui a tout remis en main. Ceux donc qui croient au Fils possèdent la vie éternelle. Mais ceux qui refusent de croire au Fils ne verront pas la Vie et la colère de Dieu restera en eux et sur eux. (...)
Jésus dit :
[...] “L’amour n’est plus votre moteur. C’est l’intérêt, la satisfaction, l’orgueil. Profanateurs de vous-mêmes, vous asservissez vos membres et vos organes à vos désirs malades.
Où est votre esprit ? Dans le charnier où pourrissent les choses qui meurent. J’ai donné à votre esprit un si grand espace ! Mais vous, vous le dépravez en recherchant la prison et vous le pervertissez à des œuvres condamnables, et avec votre esprit, tout votre être. Vous vous ruinez l’un l’autre et il n’y a pas de baume pour vos plaies, car vous opprimez et tuez ceux qui vous donneraient ce baume.
Il vous arrive encore de venir à moi. Et pourquoi ? Pour me rendre complice de vos actions meurtrières ? Dieu ne se prête pas au meurtre. Venez-vous par crainte d’être tués ? Et alors pourquoi tuez-vous ? Cela ne sert à rien de me présenter des offrandes, alors qu’au-delà de la table pure, je vois ruisseler le sang de vos mains, la pourriture de vos cœurs et, par-dessus le murmure mensonger des prières, j’entends siffler les mauvaises pensées qui pullulent dans vos esprits.
Faux chrétiens, vous me faites horreur. Près de mon autel, vous me semblez des Judas. Ce n’est pas en vendant son prochain, ce n’est pas en volant, ce n’est pas en tuant, ce n’est pas en mentant, ce n’est pas en forniquant, ce n’est pas en corrompant que l’on peut affirmer être de mes fidèles. Je vous ai dit avec mes dernières paroles de Maître – et, même parmi vous, celui qui est à l’agonie ne ment pas – ce qu’il faut faire pour être de mes amis et avoir à ses côtés mon Père et le vôtre. Je vous ai dit d’être purs, bons, charitables, obéissants ; je vous ai dit de croire à ma Parole et de suivre mes enseignements ; je vous ai dit de rester unis à moi pour ne pas mourir.
Avez-vous fait cela ? Non. Et vous en mourez. Je détourne le regard de vous parce que vous êtes pour moi des disciples trompeurs. Et s’il est vrai que j’aurais voulu racheter même l’Iscariote, car je suis le tout aimant, il n’est pas moins vrai que, lorsque je le vis près de moi à la Table et au Jardin après qu’il eut conclu l’infâme marché, tout en moi a été soulevé de dégoût.
Je ne vous ferme pas les portes de la Vie et de la Paix. Mais au royaume de la Vie et de la Paix ne doivent pas circuler des êtres impurs. Plongez-vous dans les cuves bénies dans lesquelles la pourpre de mon Sang redonnera à vos étoles tachées leur blancheur éclatante. Plongez-vous dans les flammes de l’Amour en sacrifiant vos amours obscènes à un amour qui vous rende dignes de votre origine et de votre but. Je me suis détruit pour me faire feu purificateur des péchés de l’humanité.
Ayez la volonté de ne pas pécher. La volonté suffit. Moi qui vous aime divinement, je ferai le reste. Dites-vous : ‘Nous ne voulons pas pécher’. Et essayez de ne pas le faire. Comme des malades atteints d’une terrible maladie, une fois celle-ci passée, vous verrez de jour en jour tomber la fièvre du mal et augmenter les forces de la santé. Vous reprendrez goût à ce qui est bon et profitable. La sérénité, que maintenant vous cherchez en vain dans vos divertissements obscènes et vos impitoyables occupations égoïstes, se remettra à couler en vous à travers la justice et la compassion que vous pratiquerez de nouveau. Le fait d’être bons, mes enfants, vous redonne une âme semblable à celle des enfants : confiante, joyeuse, légère, en paix.
Le royaume des Cieux, je l’ai dit, appartient à ceux qui se font semblables aux enfants. Mais vous aurez un avant-goût de ce royaume bienheureux même sur la terre si vous venez au Père avec une âme redevenue innocente, puisque Dieu aime les enfants: devant une âme qui sait se faire enfant par amour pour lui et qui redevient pure, honnête, aimante, fidèle, il ouvre les écluses de la Miséricorde pour faire couler des torrents de grâces.
Le monde qui se meurt a besoin de ce bain de miséricorde pour laver toutes les souillures et tout le sang et pour se couvrir de biens pour les besoins de l’humanité.
Ce n’est pas la férocité qui donne pain et richesse. Croyez-le. Il manque à la férocité la bénédiction divine, et là où elle manque, même si vous semez le grain, il pousse de la ciguë, et si vous élevez des agneaux, ils se transforment en hyènes.
Non, mes enfants. Retournez au Seigneur et, une fois que vous serez rentrés dans sa demeure, Dieu répétera pour vous le miracle de la manne d’antan. Rien n’est impossible à Dieu et rien n’est impossible à l’être humain qui vit en Dieu.”
Les Cahiers de 1943, 10 novembre