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FR-Evangile-Illustre-2016-03-23
27 mars 2024 -
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L'évangile du jour
« Malheureux celui par qui il est livré ! » (Mt 26, 14-25)

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » 


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Dans les visions de Maria Valtorta
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Date
30 mars 30
Lieu
Jérusalem
Livre
Tome 9 - ch 588.2
Préparation à la Passion

       (…) Il y a un mouvement de stupeur, ou du moins d’agitation, quand ils voient entrer Judas. Mais ils le saluent en chœur :

       « Paix à toi, Judas, fils de Simon.

       – Paix à vous, membres du saint Sanhédrin, répond Judas.

       – Avance. Que veux-tu ? lui demandent-ils.

       – Vous parler… vous parler du Christ. Il n’est plus possible de continuer ainsi. Je ne peux plus vous aider, si vous ne parvenez pas à prendre des décisions extrêmes. L’homme a des soupçons, désormais.

       – Tu t’es fait découvrir, sot que tu es ? interrompent-ils.

       – Non. C’est vous qui êtes sots, vous qui, par une hâte stupide, avez fait de fausses manœuvres. Vous saviez bien que j’allais vous servir ! Mais vous ne m’avez pas fait confiance.

       – Tu as la mémoire courte, Judas ! Ne te rappelles-tu pas comment tu nous as quittés la dernière fois ? Qui pouvait supposer que tu nous étais fidèle, à nous, quand tu as proclamé de cette façon que tu ne pouvais pas trahir Jésus ? lance Elchias, plus ironique, plus vipère que jamais.

       – Vous vous imaginez qu’il est aisé de tromper un ami, le seul qui m’aime vraiment, l’Innocent ? Vous croyez qu’il est facile d’en venir au crime ? »

       Judas est déjà énervé.

       Ils cherchent à le calmer, ils le flattent, ils le séduisent, ou du moins ils essaient de le faire, en lui démontrant que, loin d’être un crime, son geste est “ une œuvre sainte envers sa patrie, à laquelle il évite des représailles de ceux qui la dominent, et qui déjà donnent des signes de mécontentement devant ces continuelles agitations et ces divisions de partis et de foules dans une province romaine. C’est aussi une bonne action envers l’humanité, s’il est vraiment convaincu de la nature divine du Messie et de sa mission spirituelle ”.

       – Si ce qu’il prétend est vrai — loin de nous de le croire —, n’es-tu pas le collaborateur de la Rédemption ? Ton nom sera associé au sien à travers les siècles, notre patrie te comptera parmi ses héros et t’honorera des charges les plus hautes. Un siège est tout prêt pour toi parmi nous. Tu t’élèveras, Judas. Tu donneras des lois à Israël. Nous n’oublierons jamais ce que tu as fait pour le bien du Temple sacré, du saint Sacerdoce, pour la défense de la Loi, pour le bien de toute la nation ! Aide-nous, et ensuite, nous te le jurons, je te le jure au nom de mon puissant père et de Caïphe qui porte l’éphod, tu seras le plus grand homme d’Israël, plus que les tétrarques, plus que mon père lui-même, qui est désormais un pontife déposé. Tu seras servi comme un roi et écouté comme un prophète. Et, dans l’hypothèse où Jésus de Nazareth ne serait qu’un faux Messie, même si en réalité il n’était pas passible de mort parce que ses actes ne sont pas ceux d’un criminel mais d’un fou, nous te rappelons les paroles inspirées du pontife Caïphe — tu sais que celui qui porte l’éphod et le rational parle sous l’effet de l’inspiration divine et prophétise ce qui est bien et ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Or Caïphe, t’en souviens-tu ? a dit : “ Mieux vaut qu’un homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas. ” C’était une parole de prophétie.

       – En vérité, il était prophète. Le Très-Haut a parlé par la bouche du grand-prêtre. Qu’il soit obéi ! » disent en chœur, déjà théâtraux et semblables à des automates, ces hideuses marionnettes que sont les membres du grand conseil du Sanhédrin.

       Ainsi manipulé, Judas est séduit… mais un reste de bon sens, sinon de bonté, subsiste encore en lui et le retient de prononcer les paroles fatales.

       L’entourant avec respect, avec une affection simulée, ils le pressent :

       « Tu ne nous crois pas ? Regarde : nous sommes les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales, les Anciens du peuple, les scribes, les plus grands pharisiens d’Israël, les rabbis sages, les magistrats du Temple. L’élite d’Israël est ici, autour de toi, prête à t’acclamer, et elle te dit d’une seule voix : “ Fais cela, car c’est saint.»

       – Mais où est Gamaliel ? Et Joseph, et Nicodème, où sont-ils ? Et Eléazar, l’ami de Joseph, et Jean de Gaas ? Je ne les vois pas.

       – Gamaliel est en grande pénitence, Jean auprès de sa femme enceinte et souffrante ce soir. Quant à Eléazar… nous ignorons pourquoi il n’est pas venu. Mais un malaise peut frapper n’importe qui à l’improviste, n’est-ce pas ? Pour ce qui est de Joseph et de Nicodème, nous ne les avons pas avertis de cette séance secrète, par affection pour toi, par souci de ton honneur… Pour que, dans le cas malheureux où la chose échouerait, ton nom ne soit pas rapporté au Maître… Nous protégeons ton nom, nous t’aimons, Judas, nouveau Maccabée, sauveur de la patrie.

       – Judas Maccabée menait le bon combat. Moi… je commets une trahison.

       – Ne regarde pas les détails de l’acte, mais la justice du but. A toi de parler, Sadoq, scribe d’or. De ta bouche coulent de précieuses paroles. Si Gamaliel est savant, toi tu es sage, car tes lèvres expriment la sagesse de Dieu. Adresse-toi à celui qui hésite encore. »

       Cette vieille peau de Sadoq s’avance, et avec lui Chanania, tout décrépit : un renard squelettique et mourant à côté d’un rusé chacal robuste et féroce.

       « Ecoute, homme de Dieu ! » commence pompeusement Sadoq en prenant une pose inspirée et oratoire, le bras droit levé en un geste cicéronien, le gauche occupé à soutenir tout cet encombrement de plis que forme son habit de scribe. Puis il lève aussi le bras gauche, laissant son vêtement monumental se défaire et se mettre en désordre. Visage et bras tournés vers le plafond, il tonne :

       « Je te le dis devant la très-haute Présence de Dieu !

       – Maranatha ! s’écrient-ils tous ensemble en se courbant comme si un souffle d’en-haut passait, avant de se relever les bras croisés sur la poitrine.

       – Je te le dis : c’est écrit dans les pages de notre histoire et de notre destin ! C’est écrit dans les signes et les figures laissés depuis des siècles ! C’est écrit dans le rite, qui n’a pas cessé depuis la nuit fatale aux Egyptiens ! C’est écrit dans la figure d’Isaac ! C’est écrit dans la figure d’Abel ! Par conséquent, que ce qui est écrit se réalise !

       – Maranatha ! » reprennent les autres en un chœur assourdi et lugubre.

       Ils réitèrent leurs gestes précédents. Tout cela est d’autant plus impressionnant que leurs visages sont bizarrement frappés par la lumière des deux lampadaires allumés aux extrémités de la salle, aux micas violet pâle, d’où émane une lumière fantasmagorique. Cet aréopage d’hommes presque tous vêtus de blanc, dont le teint pâle et olivâtre de leur race est encore plus marqué par la lumière diffuse, a tout d’une assemblée de spectres.

       « La parole de Dieu est descendue sur les lèvres des prophètes pour signer ce décret. Il doit mourir ! C’est dit !

       – C’est dit ! Maranatha !

       – Il doit mourir, son sort est réglé !

       – Il doit mourir. Maranatha !

       – Son destin fatal est décrit dans les plus minutieux détails, et on ne peut s’opposer à la fatalité !

       – Maranatha !

       – L’Ecriture indique même le prix symbolique versé à celui qui se fait l’instrument de Dieu pour l’exécution de la promesse.

       – C’est indiqué ! Maranatha ! (…)


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UMdM - 2023 04 01
La vengeance de Dieu, c’est le pardon

Jésus dit :

« La vengeance de Dieu, c’est le pardon. Du haut de la croix, j’aurais pu foudroyer les coupables. Les éclairs striaient le ciel et j’aurais fort bien pu les diriger sur la foule assemblée qui m’insultait. J’aurais encore pu me venger de quelque autre manière.

J’étais toujours Dieu. Mais je n’ai jamais été autant Dieu qu’en utilisant le pardon pour unique vengeance. Si j’avais puni ceux qui m’offensaient, j’aurais été un homme puissant, rien qu’un homme qui peut, avec la faveur de Dieu, se servir des forces cosmiques elles-mêmes pour terrifier ses ennemis. L’histoire de mon peuple est remplie de tels épisodes provoqués par des patriarches et des prophètes – toujours par des justes. Mais en me vengeant par le pardon, j’ai été Dieu, autrement dit un être surnaturel, d’autant plus au-dessus des hommes que j’ai su me servir de la vengeance que l’homme n’utilise pas : le pardon.

Et je vous l’ai enseigné, à vous mes disciples, pour que les disciples du Christ, les vrais disciples du Christ, c’est-à-dire les saints, deviennent, comme il est dit, “enfants de Dieu, dieux, héritiers du Royaume de Dieu”.

Maria, pardonne. Ceux qui te font souffrir ne savent pas ce qu’ils font. Ils ne le savent pas. Pardonne, pour devenir fille du Très-Haut, mon reflet, ma sœur. Que ma paix soit ton baume.»

Les Cahiers de 1945 à 1950, 29 août 1947