En ce temps-là, quelques jours avant la Pâque, la grande foule venue pour la fête apprit que Jésus arrivait à Jérusalem. Les gens prirent des branches de palmiers et sortirent à sa rencontre. Ils criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d’Israël ! » Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus, comme il est écrit : Ne crains pas, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse. Cela, ses disciples ne le comprirent pas sur le moment ; mais, quand Jésus fut glorifié, ils se rappelèrent que l’Écriture disait cela de lui : c’était bien ce qu’on lui avait fait.
(...) Malheureusement, je constate aussi la présence de pharisiens et de scribes, livides de colère à la vue de ce triomphe, qui fendent avec arrogance le cercle d’amour qui se serre autour de Jésus, pour venir lui hurler :
« Fais donc taire ces fous ! Rappelle-les à la raison ! Ce n’est qu’à Dieu que l’on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire ! »
Jésus répond doucement :
« Même si je leur disais de se taire et s’ils m’obéissaient, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu. »
En effet, les gens crient :
« Hosanna, hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna à lui et à son Règne ! Dieu est avec nous ! L’Emmanuel est venu ! Il est venu, le Royaume du Christ du Seigneur ! Hosanna ! Hosanna sur la terre et au plus haut des Cieux ! Paix ! Paix, mon Roi ! Paix et bénédiction à toi, Roi saint ! Paix et gloire dans les Cieux et sur la terre ! Gloire à Dieu pour son Christ ! Paix aux hommes qui savent l’accueillir ! Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté et gloire au plus haut des Cieux, car l’heure du Seigneur est venue ! »
(Cette dernière acclamation provient du groupe compact des bergers, qui répètent ce qu’ils ont entendu à la Nativité). Outre ces ovations continuelles, les Palestiniens racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles auxquels ils ont assisté. A ceux qui ignorent ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard à Jérusalem et qui demandent : “ Mais qui est cet homme ? Que se passe-t-il ? ”, ils expliquent :
« C’est Jésus ! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée ! Le Prophète ! Le Messie du Seigneur ! Le Promis ! Le Saint ! »
D’une maison dont le cortège a dépassé depuis peu la porte — car la marche est très lente dans une telle confusion —, sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l’air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d’encens, qui brûle en répandant des volutes de fumée odorante. Leur geste est bien vu, et on l’imite. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes, afin de les brûler en hommage au Christ. (...)
L’Esprit Saint me dit :
« [...] L’Amour ne fait jamais défaut lors des agonies et des sacrifices de ceux qui œuvrent à la gloire de Dieu et à la rédemption des âmes.
Je me tenais aux côtés du Verbe immolé, même si rien ne laissait deviner que j’étais là. Il a invoqué le Père comme s’il était absent. Mais pas moi. Moi, j’étais en lui, qui élevait l’amour au pouvoir du Sacrifice. J’étais en lui, et je lui donnais la force de souffrir de l’infinie douleur du monde – du monde entier –, pour le monde. J’avais formé son corps. Il était juste que je me trouve dans le cœur de la Victime de l’Amour pour en recueillir les infinis mérites et les porter au Père. J’ai été le Prêtre du Calvaire, celui qui élève la Victime et l’offre. J’étais le Prêtre car l’Amour est toujours le prêtre du sacrifice – c’est indispensable. »
Les Cahiers de 1945 à 1950, 3 mai 1946