En ce temps-là, Jésus disait : « À quoi le règne de Dieu est-il comparable, à quoi vais-je le comparer ? Il est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches. » Il dit encore : « À quoi pourrai-je comparer le règne de Dieu ? Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
(…) Ne croyez pas que les œuvres qui permettent d’obtenir le Royaume des Cieux sont bruyantes et tapageuses. Ce sont des actions ordinaires, communes, mais faites dans un but surnaturel d’amour. L’amour, c’est la semence de la plante qui, naissant en vous, s’élève jusqu’au ciel et c’est à son ombre que naissent toutes les autres vertus. Je le comparerai à une minuscule graine de sénevé. Comme elle est petite ! C’est même l’une des plus petites que l’homme sème. Et pourtant, une fois la plante développée, voyez comme elle devient forte, touffue, et combien de fruits elle donne ! Non pas cent pour cent, mais cent pour un. C’est la plus petite, mais la plus active. Et que de profit elle vous donne !
Il en va de même de l’amour. Si vous enfermez dans votre sein une semence d’amour pour notre Dieu très saint et pour votre prochain, et si vos actions sont inspirées par l’amour, vous ne manquerez à aucun précepte du Décalogue. Vous ne mentirez pas à Dieu par une religion fausse faite de pratiques et non de spiritualité. Vous ne mentirez pas à votre prochain en vous conduisant en enfants ingrats, en époux adultères ou même seulement trop exigeants, en commerçants malhonnêtes, en menteurs dans la vie, en personnes violentes envers qui vous est hostile. Regardez combien d’oiseaux, à cette heure chaude, se réfugient dans les feuillages de ce jardin. D’ici peu, cette plante de sénevé, encore petite maintenant, sera un vrai perchoir. Tous les oiseaux viendront à l’abri et à l’ombre de ces plantes si touffues et si hospitalières. Les petits oiseaux apprendront à voler en sécurité dans ces rameaux qui servent d’échelles pour monter et de filet pour éviter la chute. Il en est ainsi de l’amour, base du Royaume de Dieu.
Aimez et l’on vous aimera. Aimez et vous serez compatissants. Aimez et vous ne serez pas cruels en exigeant plus qu’il n’est permis de ceux qui vous sont soumis. Amour et sincérité pour obtenir la paix et la gloire des Cieux. Sinon, comme l’a dit Benjamin, tous vos actes accomplis en mentant à l’amour et à la vérité se changeront en paille pour votre lit infernal.
Je ne vous en dis rien de plus. Je vous dis seulement : gardez présent à l’esprit le grand précepte de l’amour et soyez fidèles à Dieu Vérité et à la vérité en toute parole, acte et sentiment, car la vérité est fille de Dieu. Ce doit être un continuel travail de perfectionnement de votre part, comme la semence qui croît jusqu’à ce qu’elle atteigne sa perfection. Un travail silencieux, humble, patient. Soyez certains que Dieu voit vos combats et vous récompense davantage pour un égoïsme vaincu, pour une vilaine parole que vous retenez, pour une exigence qui ne s’impose pas, que si, armés pour la lutte, vous mettiez à mort l’ennemi. Le Royaume des Cieux, dont vous serez les possesseurs si vous vivez en justes, se construit par les petites réalités quotidiennes. Par la bonté, la modération, la patience, en se contentant de ce que l’on a, par la compassion réciproque, par l’amour, l’amour, l’amour.
Soyez bons. Vivez en paix les uns avec les autres. Ne murmurez pas. Ne jugez pas. Dieu sera alors avec vous. Je vous donne ma paix comme bénédiction et comme remerciement de la foi que vous avez en moi. (…)
Consolation de Jésus suite à la mort de la mère de Maria Valtorta
Ma première nuit d’orpheline
Jésus dit :
“Quand on est deux à porter une peine, elle est plus légère. Je suis avec toi.
Aux yeux du monde, il peut sembler cruel que je ne te laisse pas tranquille même en cette nuit douloureuse. Mais laissons dire le monde. Il voit, juge, dit du mal. La vérité est autre, et cette vérité est aussi une preuve irréfutable de l’identité de celui qui te parle. Une preuve pour les innombrables Thomas d’aujourd’hui qui ne sentent pas ma présence et ma voix dans tes pages.
Seul le Dieu juste et saint peut, en une heure de douleur comme celle-ci, te faire écrire des mots comme ceux que tu vas écrire. Dieu seul. Et je suis ce Dieu.
Une des choses qui étonnaient le plus le monde païen et gagnaient de nouveaux prosélytes toujours plus nombreux à l’Eglise était le calme, la sérénité, la force des martyrs durant leur martyre. Cette paix sereine et inébranlable ne pouvait venir que de Dieu. Mais le martyre du cœur n’est pas moins atroce que celui de la chair, et seul Dieu peut communiquer à ceux que la douleur torture dans le cœur l’héroïsme d’une résignation qui est vraiment la quatrième phrase du ‘Notre Père’, vécue de toute sa chair et de toute son âme, de son intellect et de son esprit.
Le monde aveugle pourra même prendre ton calme héroïque, don de ton Tout, pour de l’indifférence. Le monde salit tout ce dont il s’approche. Mais la saleté ne pénètre pas dans un bloc d’or ou de diamant. Elle s’y dépose et puis tombe à la moindre vague de pluie ou de vent.
Laisse donc que les aveugles de ce monde ne voient pas. Les autres, pour qui mon Esprit est lumière, lisent mon Nom dans ton courage de martyre. Et, en souffrant avec un tel courage, tu es davantage la missionnaire de ton Jésus que cent prédicateurs de mots qu’aucun fait ne vient corroborer.
En cette heure, je te présente une de mes paraboles. C’est celle du figuier stérile. Ne pleure pas, Maria. Tu sais déjà à qui je fais allusion. Ne pleure pas.
J’ai donné à ta mère les mêmes soins que le vigneron à la plante paresseuse. Fais-m’en des louanges, Maria, parce que j’ai usé d’infinie miséricorde avec l’âme qui t’était si chère.
L’heure de son jugement devait être bien avant maintenant. Et je suis venu deux fois au long de tes années de douleur pour observer cette plante spirituelle que même tes prières n’arrivaient pas à induire à produire des fruits de vie éternelle. Et les deux fois, j’avais dans la main la hache prête à abattre cette vie qui résistait aux invitations de la Grâce. Et les deux fois, j’ai retenu le coup pour permettre à cette âme de ne pas venir à moi dépourvue de bonnes œuvres, accomplies l’âme réconciliée avec moi.
Je suis le Jésus miséricordieux et j’avais pitié d’elle et de toi qui te tourmentais pour elle.
J’ai préparé les moyens pour un dernier travail. J’ai envoyé mon serviteur [Le père Migliorini avait, dans les jours qui avaient précédé sa mort, donné la communion à la mère de l’auteur, décédée à midi le 4 octobre] pour accomplir la mystique fertilisation de cette âme à travers le Sacrement, les Sacrements dans lesquels coule mon Sang et ma Chair devient nourriture pour vous donner le salut, le pardon et la vie éternelle.
J’ai tout fait de ce qu’on pouvait faire sur ce sujet pour opérer le miracle d’orner de fruits cet esprit sur le point de se présenter devant moi. Et tu m’as aidé.
Je l’ai prise maintenant parce qu’elle ne pouvait donner plus; si je l’avais laissée plus longtemps, le vent des sentiments humains, avec son souffle chaud de ressentiments et d’égoïsme, aurait brûlé les fruits que mon amour et le tien avaient produits.
Elle ne t’a pas dit merci. Mais je te le dis pour elle. Et maintenant, elle te le dit déjà, car ma Lumière lui a illuminé des horizons que son humanité lui voilait.
Ne pleure pas, ma fille. Le reste viendra plus tard. Continue à prier et à souffrir pour elle. Et espère en moi.
Va en paix, âme fidèle. Je ne t’abandonne pas. Tu es dans mes bras qui sont plus doux que ceux de ta mère.”
Les Cahiers de 1943, 4 octobre