En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? » Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »
(...) « Je vais te confier le véritable secret. Eux, ils ont su renaître, avec un esprit nouveau, libre de toute chaîne, vierge de toute idée. C’est ainsi qu’ils ont compris Dieu. A moins de renaître, on ne peut voir le Royaume de Dieu, ni croire en son Roi.
– Comment quelqu’un peut-il renaître s’il est déjà adulte ? Une fois sorti du sein maternel, l’homme ne peut jamais plus y rentrer. Tu fais peut-être allusion à la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens ? Mais non. Tu ne peux pas supposer cela. Et puis, ce ne serait pas rentrer dans le sein, mais reprendre une chair au-delà du temps. Par conséquent il ne s’agit pas de renaître maintenant. Comment ? Comment ?
– Il n’y a qu’une seule existence pour la chair sur la terre et une seule vie éternelle de l’âme au-delà. Je ne parle pas en ce moment de la chair et du sang. Je parle de l’âme immortelle qui, par l’intermédiaire de deux choses, renaît à la vie : par l’eau et par l’Esprit. Mais la plus grande, c’est l’Esprit sans lequel l’eau n’est qu’un symbole. Celui qui s’est lavé avec l’eau doit se purifier ensuite avec l’Esprit et avec lui s’allumer et resplendir, s’il veut vivre dans le sein de Dieu ici-bas et dans le Royaume éternel. Car ce qui est engendré par la chair est et demeure chair, puis meurt après en avoir servi les désirs et les péchés. Mais ce qui est engendré par l’Esprit est esprit, et vit en revenant à l’Esprit qui l’a engendré, après l’avoir élevé à l’âge parfait. Le Royaume des Cieux ne sera habité que par des êtres parvenus à l’âge parfait de l’esprit. Ne t’étonne donc pas si je dis : “ Il faut que vous naissiez à nouveau. ” Ces disciples-ci ont su renaître. Le jeune a tué la chair et fait renaître son âme en plaçant son moi sur le bûcher de l’amour. Tout a été brûlé de ce qui était matière. Des cendres surgit sa nouvelle fleur spirituelle, tel un merveilleux tournesol qui sait s’orienter vers le Soleil éternel. Le vieux a mis la hache d’une honnête méditation aux pieds de sa vieille pensée, et a déraciné le vieil arbre en laissant seulement le bourgeon de sa bonne volonté, d’où il a fait naître sa nouvelle façon de voir. Maintenant, il aime Dieu avec un esprit nouveau et il le voit.
Chacun a sa méthode pour parvenir au port. N’importe quel vent convient pour celui qui sait se servir de la voile. Vous entendez souffler le vent, et vous pouvez vous baser sur sa direction pour diriger la manœuvre. Mais vous ne pouvez dire d’où il vient, ni appeler celui qu’il vous faut. L’Esprit aussi appelle, il arrive en appelant et il passe. Mais seul celui qui est attentif peut le suivre. Comme un fils connaît la voix de son père, l’âme engendrée par l’Esprit connaît sa voix.
– Comment cela peut-il se faire ?
– Toi qui es maître en Israël, tu me le demandes ? Tu ignores ces choses ? On parle et on rend témoignage de ce qu’on sait et de ce qu’on a vu. Or je parle et je témoigne de ce que je sais. Comment pourras-tu jamais accepter ce que tu n’as pas vues, si tu n’acceptes pas le témoignage que je t’apporte ? Comment pourras-tu croire à l’Esprit, si tu ne crois pas à la Parole incarnée ? Je suis descendu pour remonter et entraîner à ma suite ceux qui sont ici-bas. Un seul est descendu du Ciel : le Fils de l’Homme. Et un seul montera au ciel avec le pouvoir de l’ouvrir : moi, le Fils de l’Homme. Rappelle-toi Moïse. Il a élevé un serpent dans le désert pour guérir ceux qui étaient malades en Israël. Quand je serai élevé, ceux que maintenant la fièvre de la faute rend aveugles, sourds, muets, fous, lépreux, malades, seront guéris et quiconque croira en moi aura la vie éternelle. Même ceux qui auront cru en moi auront cette heureuse vie.
Ne baisse pas la tête, Nicodème. Je suis venu pour sauver, pas pour perdre. Dieu n’a pas envoyé son Fils unique dans le monde pour que ses habitants soient condamnés, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Dans le monde, j’ai trouvé tous les péchés, toutes les hérésies, toutes les idolâtries. Mais l’hirondelle qui vole rapidement au-dessus de la poussière peut-elle souiller son plumage ? Non. Elle n’apporte sur les tristes chemins de la terre qu’une virgule d’azur, une odeur de ciel. Elle lance un appel pour secouer les hommes, pour élever leur regard au-dessus de la boue et leur faire suivre son vol qui revient vers le ciel. Il en est ainsi de moi. Je viens pour vous emmener avec moi. Venez !… Celui qui croit au Fils unique n’est pas jugé. Il est déjà sauvé, car ce Fils parle au Père et dit : “ Celui-ci m’aime. ” Mais celui qui ne croit pas, il est inutile qu’il fasse des œuvres saintes. Il est déjà jugé car il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Quel est mon nom, Nicodème ?
– Jésus.
– Non. Sauveur. Je suis le Salut. Celui qui ne me croit pas, refuse son salut, il est déjà jugé par la justice éternelle. Et voici ce jugement : “ La lumière t’avait été envoyée, à toi et au monde, pour être pour vous le salut, mais toi et les autres hommes avez préféré les ténèbres à la lumière, parce que vous préfériez les œuvres mauvaises auxquelles vous étiez habitués, aux bonnes œuvres auxquelles il fallait s’attacher pour devenir saint. ” Vous avez haï la lumière parce que les malfaiteurs aiment les ténèbres pour commettre leurs crimes, et vous avez fui la lumière pour qu’elle ne vous révèle pas vos plaies cachées. Ce n’est pas spécialement à toi que je m’adresse, Nicodème. Mais c’est la vérité. Et la punition sera en proportion de la condamnation, pour l’individu et pour la collectivité.
Quant à ceux qui m’aiment et mettent en pratique les vérités que j’enseigne, en naissant donc une seconde fois par une naissance plus réelle, je dis que, loin de craindre la lumière, ils s’en approchent, car cette lumière augmente celle par laquelle ils ont été primitivement éclairés. C’est une gloire réciproque qui réjouit Dieu en ses fils et eux à leur tour en leur Père. Non, les fils de la lumière ne craignent pas d’être illuminés. Au contraire, ils disent dans leur cœur et par leurs œuvres : “ Non pas moi : mais le Père, le Fils, l’Esprit ont accompli le bien en moi. A eux gloire pour l’éternité. ” Et, du haut du Ciel, l’éternel chant des Trois qui s’aiment dans leur parfaite unité répond : “ A toi, bénédiction pour l’éternité, car tu es un vrai fils de notre volonté. ” Jean, rappelle-toi ces paroles pour le moment où l’heure sera venue de les écrire. Nicodème, es-tu convaincu ? (...)
“Dès le commencement de votre prière, la grâce du Seigneur descend toujours sur vous. Je parle de la prière sainte, et non de la sotte demande de choses inutiles ou réprouvées par Dieu et par la morale. L’Eternel qui veille sur vous des Cieux n’a pas un cœur de bronze semblable au vôtre, vous qui êtes durs envers vos frères et sœurs et ingrats envers Dieu. Il se penche immédiatement sur vous quand, avec un cœur humble, aimant et confiant, avec sacrifice et constance, vous demandez pitié à Dieu.
Lorsque vous vous adressez à lui, Dieu vous donne pain et réconfort, il vous guide et vous éclaire. Et si vous n’êtes pas toujours exaucés, ne pensez pas que votre prière reste sans réponse. Pour quelque chose qui vous est nié par l’Intelligence qui sait tout, vous recevez d’autres dons que vous n’appréciez pas toujours tout de suite et dont vous n’êtes pas aussitôt reconnaissants. Mais tôt ou tard, vous devez reconnaître cette Bonté intelligente qui prend soin de vous. Et si vous ne vous en rendez pas compte ici-bas, vous saurez sûrement au-delà de la vie terrestre combien le Seigneur fut grand et bon avec vous.
Mon ange parla à Daniel qui priait encore, et vous pourriez dire sa prière même maintenant.
Le Consolateur, qui est aussi l’Annonciateur, n’est jamais séparé de ce qui me concerne. Messager de Dieu, esprit obéissant et aimant, il trouva toujours sa joie à porter les volontés de Dieu aux humains et à consoler ceux qui souffrent. Il ne quitta pas uniquement le Ciel pour la bienheureuse annonciation, pour consoler Joseph, pour me réconforter dans ma terrible agonie. Il était déjà allé porter la parole aux prophètes et dévoiler l’avenir qui me concernait en tant que Messie. Esprit enflammé d’amour, il flotte près de ceux qui désirent Dieu et il apporte les soupirs des amants à Dieu et les lumières de Dieu à ses amants.
Un seul pouvait enlever la prévarication, le péché et l’injustice de la Terre, laquelle méritait un nouveau déluge, mais fut uniquement submergée et purifiée par un Sang divin et innocent. Moi, vrai Dieu fait chair pour vous. La corruption, le péché, l’injustice et la guerre entre l’humanité et Dieu auraient une fin quand le Saint des saints, l’Innocent tué par amour pour les humains, serait oint, non d’une onction royale, mais d’une onction funèbre.
Soupir des patriarches et de tout le peuple de Dieu, le Messie devait naître pour créer la nouvelle Jérusalem qui ne meurt pas de toute l’éternité: l’Eglise qui vit et vivra jusqu’à la fin des siècles et qui continuera de vivre dans ses saints au-delà du temps de cette Terre. Et il est donné à Daniel de connaître le nombre des jours qui séparaient les vivants du temps du Seigneur et les conséquences de l’iniquité du peuple qui répond au prodige de Dieu par une condamnation.
La condamnation du Christ marque la condamnation du peuple.
Un crime attire toujours une punition. Et vu qu’aucun crime n’est plus grand que celui de s’acharner sur les innocents et de calomnier ceux qui sont sans faute, quelle punition pouvait être réservée à ceux qui avaient tué l’Innocent autre que la destruction totale du lieu où s’était installée l’abomination ?
Les sacrifices sont inutiles dès lors qu’on a dépassé la mesure. Dieu est indulgent, mais il n’est pas injuste. Et ce serait une injustice de la part de Dieu, envers les justes et ceux que les méchants ont torturés, que de pardonner l’obstination dans le péché après avoir donné tous les moyens pour connaître l’erreur et en sortir et retourner à Dieu.
Les soixante-douze semaines pourraient être des siècles, ô ma fille, et à leur terme viendrait la désolation sur la Terre et l’abomination là où tout devrait être saint. Vous vous y acheminez déjà.
Il y a trop de désagrégation causée par la science humaine qui ronge comme une carie le cœur de mes ministres, incapables d’appartenir à Dieu, lesquels sont du monde et absorbent l’esprit du monde, lui donnant leur souffle qui n’est plus du Ciel. C’est la grande douleur du Christ. Trop de pays sans églises. Trop d’églises sans prêtres. Trop de fidèles sans guide. Trop de cœurs sans amour.
Si Gabriel revenait, il aurait bien de la difficulté à trouver des cœurs qui sauraient prier comme Daniel et qui accueilleraient sa parole sans la disséquer au point de la tuer pour l’étudier et pour arriver ensuite à la nier. Et cela n’est-il pas en soi une abomination dans la maison de Dieu, là où au moins ses ministres, au moins eux, devraient être une lumière pour les foules ?
Vous êtes en train de tuer le Christ une deuxième fois. Vous le tuez dans votre esprit. Et dans peu de temps, vous ne serez plus son peuple, mais une tribu d’idolâtres. Ne vous plaignez donc pas si le Ciel s’est fermé sur votre fermentation d’opprobre.
En vérité, je vous dis que, si vous ne vous convertissez pas au Seigneur votre Dieu, la désolation durera jusqu’à la fin.”
Jamais je n’aurais cru qu’un commentaire de l’Evangile puisse me toucher autant. Je lis les méditations depuis que vous me les envoyez, avec admiration. Mais celle-là, c’est un sommet. Je vais demander que le texte de Jean 15, 9-17 soit lu à mes obsèques religieuses si c’est possible... lorsque le jour sera venu !