En ce temps-là, Jésus et ses disciples arrivèrent à Bethsaïde. Des gens lui amènent un aveugle et le supplient de le toucher. Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. Il lui mit de la salive sur les yeux et lui imposa les mains. Il lui demandait : « Aperçois-tu quelque chose ? » Levant les yeux, l’homme disait : « J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher. » Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains sur les yeux de l’homme ; celui-ci se mit à voir normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté. Jésus le renvoya dans sa maison en disant : « Ne rentre même pas dans le village. »
(…) Ils entrent dans la première rue de Bethsaïde, au milieu des jardins parés d’une verdure nouvelle. Pierre, avec d’autres personnes de Bethsaïde, est en train d’amener à Jésus un aveugle. Marziam n’est pas là : il est certainement resté pour aider Porphyrée. En plus des habitants de Bethsaïde et des parents de l’aveugle, il y a beaucoup de disciples venus à Bethsaïde de Sycaminon et d’autres villes, parmi lesquels Etienne, Hermas, le prêtre Jean, ainsi que Jean le scribe et beaucoup d’autres. (Il m’est désormais difficile de m’y reconnaître, ils sont si nombreux !).
« Je te l’ai amené, Seigneur. Il attendait ici depuis plusieurs jours, explique Pierre pendant que l’aveugle et ses parents ne cessent de psalmodier : “ Jésus, Fils de David, aie pitié de nous ! ”, “ Mets ta main sur les yeux de mon fils et il verra ”, “ Aie pitié de moi, Seigneur ! Je crois en toi ! ”.
(…) Jésus prend l’aveugle par la main et recule avec lui de quelques mètres pour le mettre à l’abri du soleil qui embrase maintenant la rue. Il l’adosse au mur couvert de feuilles d’une maison, la première du village, et se place en face de lui. Il mouille ses deux index avec de la salive et lui frotte les paupières avec ses doigts humides, puis il appuie ses mains sur les yeux avec la base de la main dans le creux des orbites et les doigts dans les cheveux du malheureux. Il prie ainsi, puis il enlève ses mains :
« Que vois-tu ? demande-t-il à l’aveugle.
– Je vois des hommes. Ce doit être sûrement des hommes. C’est comme cela que je me représentais les arbres couverts de fleurs, mais ce sont certainement des hommes, parce qu’ils bougent et s’avancent vers moi. »
Jésus pose de nouveau ses mains, puis de nouveau les retire :
« Et maintenant ?
– Ah ! Maintenant je vois bien la différence entre les arbres plantés dans la terre et ces hommes qui me regardent… Et je te vois, toi ! Comme tu es beau ! Tes yeux ressemblent au ciel et tes cheveux aux rayons du soleil… et ton regard et ton sourire sont de Dieu. Seigneur, je t’adore ! »
Et il s’agenouille pour baiser le bord de son vêtement.
« Lève-toi, et viens vers ta mère qui pendant tant d’années a été pour toi lumière et réconfort et dont tu ne connais que l’amour. »
Il le saisit par la main et le conduit à sa mère qui est agenouillée à quelques pas de là, l’adorant comme auparavant elle le suppliait.
« Relève-toi, femme. Voici ton fils. Il voit la lumière du jour, et que son cœur veuille suivre la Lumière éternelle. Rentrez chez vous. Soyez heureux et soyez saints par reconnaissance pour Dieu. Mais en traversant les villages, ne dites à personne que c’est moi qui l’ai guéri, pour que la foule ne se précipite pas ici et m’empêche d’aller là où il est juste que j’aille apporter une confirmation de foi, de lumière et de joie aux autres enfants de mon Père. »