Un jour de sabbat, Jésus
était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient. Or voici qu’il y avait devant lui un homme
atteint d’hydropisie. Prenant la parole, Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi
et aux pharisiens pour leur demander : « Est-il permis, oui ou non, de faire
une guérison le jour du sabbat ? » Ils gardèrent le silence. Tenant alors le
malade, Jésus le guérit et le laissa aller. Puis il leur dit : « Si l’un de
vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en
retirer, même le jour du sabbat ? » Et ils furent incapables de trouver une
réponse.
(...) Jésus les observe et sourit. Puis il se retourne et demande :
« Toi, vieux scribe (il parle au vieil homme à la voix chevrotante qui a parlé le premier), réponds-moi : est-il permis de guérir un jour de sabbat ?
– Pendant le sabbat aucun travail n’est permis.
– Même pas de sauver quelqu’un du désespoir ? Ce n’est pas un travail manuel.
– Le sabbat est consacré au Seigneur.
– Quelle œuvre plus digne d’un jour sacré que de faire en sorte qu’un fils de Dieu dise à son Père : “ Je t’aime et je te loue parce que tu m’as guéri ” ?
– Il doit le faire même s’il est malheureux.
– Chanania, sais-tu qu’en ce moment ton bois le plus beau est en train de brûler, et que toute la pente du mont Hermon rougit de l’éclat des flammes ? »
Le vieil homme bondit comme si un serpent l’avait mordu :
« Maître, dis-tu la vérité ou bien est-ce une plaisanterie ?
– Je dis la vérité. Je vois et je sais.
– Ah ! Malheureux que je suis ! Mon bois le plus beau ! Des milliers de sicles en cendres ! Malédiction ! Maudits soient les chiens qui m’y ont mis le feu ! Que leurs viscères brûlent comme mon bois ! »
Le petit vieux est désespéré.
« Ce n’est qu’un bois, Canania, et tu te plains ! Pourquoi ne loues-tu pas le Seigneur dans ce malheur ? Cet homme ne perd pas du bois qui repousse, mais la vie et le pain de ses enfants, et il devrait louer quand toi tu ne le fais pas ? Donc, scribe, il ne m’est pas permis de le guérir le jour du sabbat ?
– Maudit soyez-vous, toi, lui et le sabbat ! J’ai bien autre chose à penser, moi… »
Et, bousculant Jésus qui lui avait mis une main sur le bras, il sort furieux et on l’entend brailler de sa voix chevrotante pour avoir son char.
« Et maintenant ? » demande Jésus en tournant son regard vers les autres. « A votre tour, dites-moi : est-ce permis ou non ? »