En ce temps-là, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchés de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. » Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? » Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. » Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte. Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons. Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
(...) On apporte ces vivres au Maître.
« C’est bien. Maintenant apportez-moi des paniers. Dix-sept, un pour chacun. Marziam distribuera la nourriture aux enfants… »
Jésus regarde fixement le scribe, qui est toujours resté à ses côtés, et il lui demande :
« Veux-tu, toi aussi, donner de la nourriture aux affamés ?
– Cela me plairait, mais j’en suis démuni moi aussi.
– Donne la mienne. Je te le permets.
– Mais… tu as l’intention de rassasier presque cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains ?
– Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit verra s’accomplir le miracle.
– Ah ! Dans ce cas, je veux bien distribuer la nourriture, moi aussi !
– Alors, fais-toi donner un panier, toi aussi. »
Les apôtres reviennent avec des corbeilles et des paniers larges et peu profonds, ou bien profonds et étroits. Le scribe revient avec un panier plutôt petit. On se rend compte que sa foi – ou son manque de foi – lui a fait choisir celui-ci comme le plus grand.
« C’est bien. Mettez tout ici devant et faites asseoir les foules en ordre, en rangs réguliers, autant que possible. »
Pendant ce temps, Jésus élève les pains avec les poissons par dessus, il les offre, prie et bénit. Le scribe ne le quitte pas un instant des yeux. Puis Jésus rompt les cinq pains en dix-huit parts et les deux poissons en dix-huit parts. Il met un morceau de poisson dans chaque panier – un bien petit morceau – et fait des bouchées avec les dix-huit morceaux de pain. Chaque morceau est divisé en plusieurs bouchées. Elles ne sont guère nombreuses : une vingtaine, pas plus. Chaque morceau est placé dans un panier après avoir été fragmenté, avec le poisson.
« Et maintenant prenez et donnez à satiété. Allez-y. Va, Marziam, le donner à tes compagnons.
– Oh, comme c’est lourd ! » dit Marziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s’il portait un fardeau.
Les apôtres, les disciples, Manahen, le scribe le regardent partir sans savoir que penser… Puis ils prennent les paniers, et en secouant la tête, se disent l’un à l’autre :
« Ce gamin plaisante ! Ce n’est pas plus lourd qu’avant. »
Le scribe regarde aussi à l’intérieur et met la main pour tâter au fond du panier parce qu’il n’y a plus beaucoup de lumière, là, sous le couvert où Jésus se trouve, alors que plus loin, dans la clairière, il fait encore assez clair.
Mais malgré cette constatation, ils se dirigent vers les gens et commencent la distribution. Ils donnent, donnent, donnent… Et de temps à autre, ils se retournent, étonnés, de plus en plus loin, vers Jésus qui, les bras croisés, adossé à un arbre, sourit finement de leur stupeur.
La distribution est longue et abondante… Le seul à ne pas manifester d’étonnement, c’est Marziam qui rit, tout heureux de remplir de pain et de poisson les mains de tant de pauvres enfants. Il est aussi le premier à revenir vers Jésus, en disant :
« J’ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup !… parce que je sais ce qu’est la faim… »
Et il lève son visage, qui n’est plus émacié, mais que ce souvenir fait pâlir, en lui écarquillant les yeux… Mais Jésus lui fait une caresse, et un sourire lumineux revient sur ce visage d’enfant qui s’appuie en toute confiance contre Jésus, son Maître et Protecteur.
Peu à peu, les apôtres et les disciples reviennent, muets de stupeur. Le dernier est le scribe, qui ne dit rien. Mais il fait un geste qui vaut plus qu’un discours : il s’agenouille et baise la frange du vêtement de Jésus.
« Prenez votre part, et donnez m’en un peu. Mangeons la nourriture de Dieu. »
Ils mangent en effet du pain et du poisson, chacun selon son appétit…
Pendant ce temps, les gens, rassasiés, échangent leurs impressions. Même ceux qui sont autour de Jésus se risquent à parler en regardant Marziam qui, en finissant son poisson, plaisante avec les autres enfants.
« Maître, demande le scribe, pourquoi l’enfant a-t-il tout de suite senti le poids, et nous pas ? J’ai même fouillé à l’intérieur. Il n’y avait toujours que ces quelques bouchées de pain et cet unique morceau de poisson. J’ai commencé à en sentir le poids en m’avançant vers la foule, mais si ç’avait été le poids correspondant à la quantité que j’ai distribuée, il aurait fallu un couple de mulets pour le transport ; pas un panier, mais un char plein, chargé de nourriture. Au début, j’y allais avec parcimonie… puis je me suis mis à donner tant et plus et, pour ne pas être injuste, je suis revenu vers les premiers en faisant une nouvelle distribution parce que je leur avais donné peu de chose. Et pourtant, il y en a eu suffisamment.
– Moi aussi, j’ai senti que le panier s’alourdissait au fur et à mesure que j’avançais, et j’ai donné tout de suite abondamment, car j’ai compris que tu avais fait un miracle, dit Jean.
– Personnellement, au contraire, je me suis arrêté et me suis assis, pour renverser sur mon vêtement le fardeau et me rendre compte… Alors j’ai vu des pains en quantité, et j’y suis allé, raconte Manahen.
– Moi, je les ai même comptés pour ne pas faire piètre figure. Il y avait cinquante petits pains. Je me suis dit : “ Je vais les donner à cinquante personnes, puis je reviendrai. ” Et j’ai compté. Mais, arrivé à cinquante, le poids était toujours le même. J’ai regardé à l’intérieur : il y en avait encore autant. Je suis allé de l’avant et j’en ai donné par centaines. Mais cela ne diminuait jamais » relate Barthélemy (...)
Azarias [L'ange gardien de Maria Valtorta] dit :
« Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! La joie de la Nativité est déjà à la porte. Chantons pour ceux qui, ce jour-là, sauront faire naître le Messie en eux. Chaque Noël crée des résurrections d’âmes. Alléluia pour elles, qui viennent au Seigneur, jusqu’alors inconnu d’elles, et qui plient le genou, en adorant, devant le divin Enfant. Les paroles du Baptiste se sont réalisées pour ces âmes. Elles ont préparé la voie au Seigneur en redressant leur personnalité, en réparant leurs lacunes, en abaissant tout orgueil, en embrassant la vérité qui est droite, et l’humilité qui est douce. Chantons pour ces nouveau-nés du Seigneur. Alléluia !
Ensuite, lisons l’épître de Paul. (1 Co 4, 1-5) [...] [Cet] épître [...] est [...] pour toi et pour tous ceux qui exercent un ministère extraordinaire au service de tous les fidèles de Dieu.
“Qu’on nous considère donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu.”
Il s’agit là d’une parole sacerdotale pour les prêtres. Mais il existe d’autres sacerdoces, en plus de celui de l’autel qui est public et connu de tous. Il y a les consécrations secrètes, les ministères secrets dans lesquels ceux qui y sont appelés ne servent pas tel temple précis, n’officient pas à tel ou tel autel, mais servent l’immense Temple de Dieu et officient à son immense autel, directement, uniquement préoccupés de son service avec un dévouement absolu.
Ils sont serviteurs de Dieu et de leurs frères, dispensateurs de la Parole, de la lumière, de la sagesse et de la miséricorde de Dieu. Cette Parole est comme un sacrement immatériel qui ne nécessite ni moyens ni espèces ni formules pour être conféré et communiqué, mais qui possède en lui-même la substance de la grâce et de la vie ; cette Parole augmente la lumière dans les âmes que la grâce rend déjà lumineuses, elle accroît la vie en celles que la grâce fait vivre, mais elle peut aussi donner d’elle-même l’ardent désir de la lumière et de la vie, et porter à la grâce par la source septiforme des sacrements, jusqu’alors négligés ou tournés en dérision.
“Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort”, a dit le Seigneur Jésus. En effet, si quelqu’un écoute sa parole, mais que, ce faisant, il ne la croit pas divine, ni ne croit que celui qui la dit est Dieu, Fils de Dieu, quelle valeur peut bien avoir pour lui la source septiforme des sacrements ? La grâce infuse du baptême meurt parce que celui qui ne suit pas la Parole pèche, et qui pèche perd la grâce, et avec elle la lumière et la vie divines. Il ne croit alors plus au Christ, ni à ses mérites, ni à ses sacrements, ni à la hiérarchie sacrée de l’Eglise, et, tel un embryon d’homme qui se détache de la matrice, il meurt de n’être plus alimenté par les sucs de la Vie.
Les “voix” sont les dispensateurs de cette Parole qui n’est jamais suffisamment prodiguée, étant donné le continuel travail des forces adverses contre la Parole et contre l’esprit de l’homme. Elle n’est jamais suffisamment conservée ni assimilée au point de devenir la vie même de l’individu qui aspire à la Cité éternelle. Qu’est-ce qui est demandé aux “voix”, et aux prêtres qui sont les maîtres ordinaires de l’explication de la Parole, tout comme les “voix” en sont les canaux extraordinaires ? Voici ce qu’en dit saint Paul : “Or, ce qu’on demande en fin de compte à des intendants, c’est de se montrer fidèles.” [...]
Quand tu sais que tu restes fidèle et que Dieu peut te considérer comme telle, dis les paroles de Paul à ceux qui voudraient te juger, qui vont même jusqu’à exprimer des jugements ; d’ailleurs, tous ces jugements ne sont pas considérés comme bons par ceux-là mêmes qui les portent, mais ils le font pour des raisons en partie excusables, en partie inexcusables. Dites-les, vous tous, qui êtes les dispensateurs de la voix de Dieu : “Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même. Ma conscience, certes, ne me reproche rien, mais ce n’est pas cela qui me justifie ; celui qui me juge, c’est le Seigneur.”
Et même, pour être dans la parfaite justice, vous les âmes extraordinaires enfermées dans des créatures dont les réactions morales ne sont pas supprimées, ne jugez pas ceux qui vous éprouvent : vous devez dompter cette nature créée et déchue par une héroïque et continuelle lutte de l’esprit contre l’humanité pour obtenir la victoire finale de l’esprit sur l’humanité. Des essayeurs d’or, c’est là leur vrai nom. Ils sont l’acide qui éprouve le métal de votre cœur. Ils corrodent, mais le métal noble resplendit avec encore plus de beauté et apparaît dans toute sa noblesse, après cette douloureuse corrosion. S’il n’y avait qu’une hypocrite couche dorée de vertu, l’érosion des essayeurs d’or mettrait bien vite à nu le plomb de votre intérieur. “Par conséquent, ne jugez pas avant le temps, avant que vienne le Seigneur. C’est lui qui éclairera ce qui est caché dans les ténèbres et mettra en évidence les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient.”
Alors aucun vêtement, aucune manière bien calculée de parler, de bouger, d’agir ne fera rempart à la lumière qui mettra à nu les plaies les plus secrètes des âmes. Aucune calomnie, insinuation, négation ou autre ne pourra plus salir l’esprit héroïque du dispensateur fidèle. Les ombres des mauvaises volontés des autres sur les pages pures des âmes fidèles, sur lesquelles Dieu a écrit sa parole pour qu’ils la transmettent aux hommes, deviendront nulles parce que Dieu les dissipera. L’intégrité des âmes fidèles à leur mission acceptée et accomplie apparaîtra. Car elle provient d’une élection, certes, mais elle est aussi effort et souffrance, pour la seule gloire de Dieu. Il leur aura été possible d’accomplir cette mission malgré tous les obstacles parce que le Seigneur, en divin Simon de Cyrène, est proche de ceux qui l’invoquent avec sincérité.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ! »