En ce temps-là, les 72 disciples que Jésus avait envoyés revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » À l’heure même, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »
(...) En ce qui concerne ta fille, Jaïre, et la tienne, Simon, et ton enfant, Zacharie, et tes petits-enfants, Benjamin, je vous affirme que, eux qui sont sans malice, ils voient déjà Dieu. Et vous voyez comme leur foi est pure et agissante en eux, unie à la sagesse céleste et à des désirs de charité que les adultes ne possèdent pas. »
Et Jésus, levant les yeux vers le ciel qui s’assombrit à l’approche du soir, s’écrie :
« Je te remercie, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits. Il en est ainsi, Père, parce que tel a été ton bon plaisir. Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne le connaît si ce n’est le Fils et ceux auxquels le Fils aura voulu le révéler. Et moi, je l’ai révélé aux petits, aux humbles, aux purs, car Dieu se communique à eux ; la vérité descend en eux comme une semence sur des terres libres, et le Père fait pleuvoir sur elle ses lumières afin qu’elle s’enracine et produise une plante. Le Père prépare les âmes de ces petits – petits par l’âge ou du fait de leur volonté – pour qu’ils connaissent la vérité et que j’aie la joie de leur foi. » (...)
[François d'Assise (1182-1226) était un religieux catholique italien, diacre et fondateur de l'ordre des Frères mineurs. François d'Assise est considéré comme le précurseur du dialogue interreligieux. Ses restes sont conservés dans la Basilique Saint-François à Assise]
Maria Valtorta écrit :
« Je vois mon saint François d’Assise, que je reconnais immédiatement.
Je le vois à deux reprises. La première fois, c’est le matin. Il est debout, dans son habit, qui n’est pas brun mais d’un gris tirant sur le marron comme une plume de tourterelle sauvage. Il est pieds nus, tête nue et déjà stigmatisé. Je vois nettement les plaies sur les paumes de ses mains décharnées. Il se tient les bras repliés au niveau des coudes et bien serrés contre le buste, les mains à la hauteur des épaules, comme un prêtre qui dit : « Le Seigneur soit avec vous. » Par conséquent, je vois bien les plaies de ses paumes. Il me regarde avec une douceur pleine de compassion, sans mot dire.
La seconde fois, le soir, il revient et je le vois encore mieux. Son visage est décharné au point d’en paraître triangulaire. Ses cheveux, rasés en cercle, tracent une ligne légèrement ondulée, grisonnante sur [leur couleur] châtain clair, sur son front haut et très pâle. Ses yeux sont marron clair, tristes et bons, profondément enfoncés dans les orbites ; il a le nez long et fin, les joues bien pâles et maigres, allongées par une barbiche clairsemée et taillée en pointe. Il sourit, mais sans joie. C’est un sourire qui veut seulement encourager. Il parle, lentement, d’une voix bien posée mais un peu lasse.
Avec un geste de sa main repliée, il me demande : « Est-ce que mes oliviers te plaisent ? »
Je réponds : « Non.
– Et pourtant… Moi, je les aime beaucoup parce qu’ils me rappellent notre Seigneur Jésus lors de la prière [de son Agonie].
– Toi, Père, tu voyais Jésus au milieu d’eux. Moi, je ne vois plus rien et ils m’attristent seulement.
– Ma fille, efforce-toi d’y trouver paix et joie. A un moment où je souffrais “énormément” car j’étais, moi aussi, déçu par les hommes et, en quelque sorte, par l’approbation de mon œuvre par Dieu, j’ai dit : “ Bienheureux ceux qui font la volonté de Dieu et font face à toute épreuve grâce à lui. ” Essaie d’atteindre cette douloureuse béatitude. C’est la stigmatisation de l’esprit, et elle fait plus mal que celle – tu la vois? – qui me perce la chair. Je le sais. Essaie tout de même. Pleure et essaie. Moi aussi, j’ai souffert “atrocement”, et pour “bien” des raisons. Comme toi, j’ai fait l’expérience de l’affection, et j’ai été plein de nostalgie. Moi aussi, j’ai senti revenir à moi la prière que j’avais offerte, à certains moments. J’ai passé des heures pendant lesquelles je ne savais que gémir. Je sais ce qu’est ta souffrance. Je te le dis néanmoins : efforce-toi de trouver en toute cette douleur paix et joie.
Ensuite viennent la joie et la paix. Sois bonne. Je serai à tes côtés. Je te bénis de ma bénédiction : “ Que le Seigneur te fasse miséricorde, qu’il te découvre sa face et t’apporte la paix. Qu’il te donne sa bénédiction. ” »
Ce n’est pas beaucoup. Mais c’est déjà un rayon du ciel qui vient à moi. Je n’avais jamais vu ni entendu le saint que je vénère tant et, si vous vous en souvenez, je m’en étais étonnée. il est venu dans cet état de désolation me consoler tant soit peu… ».
[Maria Valtorta traversait la « nuit noire de l'âme », une période de désolation spirituelle expérimentée par les mystiques, pendant laquelle toute consolation est absente. Ce processus de purification permet à l'âme d'atteindre l'union parfaite d'amour avec Dieu]
Les Cahiers de 1944, 1 mai