« Dieu a envoyé son Fils pour que le monde soit sauvé. »
(Jn 3, 13-17)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
(…) Chacun a sa méthode pour parvenir au port. N’importe quel vent convient pour celui qui sait se servir de la voile. Vous entendez souffler le vent, et vous pouvez vous baser sur sa direction pour diriger la manœuvre. Mais vous ne pouvez dire d’où il vient, ni appeler celui qu’il vous faut. L’Esprit aussi appelle, il arrive en appelant et il passe. Mais seul celui qui est attentif peut le suivre. Comme un fils connaît la voix de son père, l’âme engendrée par l’Esprit connaît sa voix.
– Comment cela peut-il se faire ?
– Toi qui es maître en Israël, tu me le demandes ? Tu ignores ces choses ? On parle et on rend témoignage de ce qu’on sait et de ce qu’on a vu. Or je parle et je témoigne de ce que je sais. Comment pourras-tu jamais accepter ce que tu n’as pas vues, si tu n’acceptes pas le témoignage que je t’apporte ? Comment pourras-tu croire à l’Esprit, si tu ne crois pas à la Parole incarnée ? Je suis descendu pour remonter et entraîner à ma suite ceux qui sont ici-bas. Un seul est descendu du Ciel : le Fils de l’Homme. Et un seul montera au ciel avec le pouvoir de l’ouvrir : moi, le Fils de l’Homme. Rappelle-toi Moïse. Il a élevé un serpent dans le désert pour guérir ceux qui étaient malades en Israël. Quand je serai élevé, ceux que maintenant la fièvre de la faute rend aveugles, sourds, muets, fous, lépreux, malades, seront guéris et quiconque croira en moi aura la vie éternelle. Même ceux qui auront cru en moi auront cette heureuse vie.
Ne baisse pas la tête, Nicodème. Je suis venu pour sauver, pas pour perdre. Dieu n’a pas envoyé son Fils unique dans le monde pour que ses habitants soient condamnés, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Dans le monde, j’ai trouvé tous les péchés, toutes les hérésies, toutes les idolâtries. Mais l’hirondelle qui vole rapidement au-dessus de la poussière peut-elle souiller son plumage ? Non. Elle n’apporte sur les tristes chemins de la terre qu’une virgule d’azur, une odeur de ciel. Elle lance un appel pour secouer les hommes, pour élever leur regard au-dessus de la boue et leur faire suivre son vol qui revient vers le ciel. Il en est ainsi de moi. Je viens pour vous emmener avec moi. Venez !… Celui qui croit au Fils unique n’est pas jugé. Il est déjà sauvé, car ce Fils parle au Père et dit : “ Celui-ci m’aime. ” Mais celui qui ne croit pas, il est inutile qu’il fasse des œuvres saintes. Il est déjà jugé car il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
[...] Jésus me dicte ce qui suit :
« Les ennemis sont tapis dans l’obscurité. Loin d’être vaincus, ils sont plus actifs que jamais pour se venger et pour nuire. On peut appliquer à l’époque actuelle une partie du sens de la prophétie d’Isaïe à Sobna (Is 12, 15-25.) et dire que l’on doit faire ce que je veux, sans quoi il est certain que la prophétie s’accomplira, un jour plus ou moins proche. Cela dépendra si les membres de mon Église enseignante et militante font ma volonté, de mon Vicaire au laïc de l’Action Catholique, ou au laïc catholique qui appartient seulement à l'Église sans être membre d’aucune congrégation, association ou tiers-ordre, mais qui est animé des trois vertus théologales et de la “vie” qui se trouve dans les Commandements et dans l’Evangile.
Crier : “Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus” (Mt 8, 25) quand la tempête s’en prend à la barque de Pierre, cela peut obtenir un miracle une fois. Mais il ne faut pas abuser de ma miséricorde et attendre les secours de moi seul au moment où le naufrage est prévisible. Équipez le navire et le personnel naviguant pendant que vous en avez le temps et l’occasion.
Revenez aux méthodes des catacombes, comme je l’ai dit au petit Jean depuis le 20 novembre 1943.
Sortez de la niche creusée dans la pierre. Sortez-en pour agir avec humilité, effort et amour. Si vous ne le faites pas, aucune niche élevée, aucune tour de jaspe, de porphyre ou d’acier ne suffiront à vous sauver, lorsque l’Antéchrist, que vous n’aurez pas combattu avec les armes susceptibles de remporter la victoire et que beaucoup n’auront pas vaincu dans leur cœur, soufflera son vent contraire. Certains méditent dans leur cœur de “t’envoyer, ô Pierre, rouler comme une boule sur une grande place spacieuse, et de t’y faire mourir” (Is 22,18) – cette place, c’est celle de Saint-Pierre, du haut de laquelle toi, mon Vicaire (le Vicaire perpétuel depuis Pierre jusqu’au dernier Pape) parle et bénis, toi qui es le seul bon, le seul Pasteur d’amour, même en ces temps de loups d’horreur. Ils se mettront en marche pour le faire, en prenant la tête des dévoyés, des déçus, des ignorants, et des personnes déchristianisées par les démagogies, mais plus encore l’inertie, l’indifférence, un mépris stupide, un orgueil inutile, ou la lâcheté d’un clergé qui n’est plus lumière sur la montagne ni sel capable de donner du goût aux âmes. Ils y parviendront si vous dormez.
Si vous laissez le Christ être arraché du cœur des hommes, qui prendra votre place ? L’Antéchrist. C’est la loi. Et malheur à vous si cela se produit.
Une fois que l’avalanche s’est formée et mise en mouvement, rien ne peut arrêter sa course fatale. Seule une puissance qui la pénètre et la morcelle peut anéantir sa formation et sa course destructrice. C’est à vous, les prêtres, qu’il revient d’être cette puissance qui pénètre et brise l’avalanche qui s’est formée, car elle vous broiera si vous la laissez se mettre en mouvement. C’est aussi à vous de l’être, vous les catholiques au service de l’Eglise qui coopérez avec le clergé. Mais pas comme vous l’avez fait jusqu’ici. [...]
Les Carnets, le 25 avril 1948