« Tu es bénie entre toutes les femmes »
(Lc 1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
« Je suis Marie, la fille d’Anne et de Joachim, de Nazareth, la cousine de vos maîtres. »
Le vieillard s’incline et salue, puis il crie :
« Sarah, Sarah ! »
Et il rouvre le portail pour prendre l’âne resté à l’extérieur car Marie, pour se libérer de la femme importune, s’est glissée à l’intérieur aussi vite que possible, et le jardinier, aussi rapide qu’elle, a fermé la grille au nez de la commère. Tout en faisant entrer l’âne, il dit :
« Ah, il y a dans cette maison un grand bonheur et un grand malheur ! Le Ciel a accordé un enfant à la femme stérile, que le Très-Haut en soit béni ! Mais, il y a sept mois, Zacharie est revenu de Jérusalem muet. Il se fait comprendre par signes ou en écrivant. Peut-être l’aurez-vous appris ? Ma maîtresse a tellement désiré votre présence pour partager avec vous ces joies et ces peines ! Elle ne cessait de parler de vous à Sarah et disait : “ Si j’avais ma petite Marie à mes côtés ! Si elle était encore au Temple ! J’aurais envoyé Zacharie la chercher. Mais voilà, le Seigneur a voulu qu’elle devienne la femme de Joseph de Nazareth. Elle seule pouvait me réconforter d’une telle peine et m’aider à prier Dieu, parce qu’elle est très bonne. Au Temple, tout le monde la pleure. Lors de la dernière fête, lorsque, avec Zacharie, je suis allée pour la dernière fois à Jérusalem remercier Dieu de m’avoir donné un enfant, j’ai entendu ses maîtresses me dire : ‘ Le Temple semble privé de la présence des chérubins de la Gloire depuis que la voix de Marie ne résonne plus entre ces murs. ’ ” Sarah ! Sarah ! Ma femme est un peu sourde, mais viens, viens, je te conduis moi-même. »
A la place de Sarah, c’est une femme très âgée qui apparaît en haut d’un escalier qui flanque un côté de la maison. Déjà toute ridée, elle a les cheveux très grisonnants ; ils ont dû être très noirs, parce que ses cils et ses sourcils le sont encore. D’ailleurs, le teint de son visage le confirme. Contrastant étrangement avec son évidente vieillesse, sa grossesse est déjà fort visible, et cela en dépit de ses vêtements amples et dénoués. Elle regarde en s’abritant les yeux de la main. Dès qu’elle reconnaît Marie, elle lève les bras au ciel avec un “ Oh ! ” étonné et joyeux et se précipite aussi vite qu’elle le peut vers Marie. Marie elle aussi, qui marche toujours si calmement, court maintenant, agile comme un faon, et arrive au pied de l’escalier en même temps qu’Elisabeth. C’est avec de chaleureuses effusions qu’elle reçoit sur son cœur sa cousine, qui pleure de joie en la voyant.
Elles restent embrassées un instant, puis Elisabeth se dégage en poussant un cri où se mêlent douleur et joie et porte la main sur son gros ventre. Elle penche la tête, pâlit et rougit alternativement. Marie et le serviteur tendent les mains pour la soutenir, parce qu’elle vacille comme si elle se sentait mal.
Mais après être restée une minute comme recueillie sur soi, Elisabeth lève un visage tellement radieux qu’elle en paraît rajeunie, elle contemple Marie en souriant avec vénération comme si elle voyait un ange, puis s’incline en une profonde salutation en disant :
« Bénie es-tu entre toutes les femmes ! Béni est le fruit de ton sein ! (elle le dit bien comme ça : en deux phrases bien séparées). Comment m’est-il donné que vienne à moi, qui suis ta servante, la Mère de mon Seigneur ? Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein et, lorsque je t’ai embrassée, l’Esprit du Seigneur m’a révélé une très haute vérité au fond de mon cœur. Bienheureuse es-tu d’avoir cru qu’à Dieu tout est possible, même ce qui paraît impossible à l’esprit humain ! Bienheureuse es-tu, car ta foi permettra l’accomplissement de ce qui t’a été prédit par le Seigneur et ce qui a été prédit aux prophètes pour notre époque ! Bienheureuse es-tu pour le Salut que tu engendres à la descendance de Jacob ! Bienheureuse es-tu pour avoir apporté la Sainteté à mon fils car, je le sens, il bondit de joie dans mon sein comme un chevreau ! C’est qu’il se sent délivré du poids de la faute, appelé à être le Précurseur, sanctifié dès avant la Rédemption par le Saint qui grandit en toi ! » (…)
[...] Dans un coin, je vois Joseph. Il discute avec un robuste vieillard. Joseph a la trentaine. C’est un bel homme aux cheveux courts et plutôt épais, châtain foncé comme sa barbe et ses moustaches, qui couvrent un beau menton et remontent vers des joues brun-rouge, pas olivâtres comme chez les autres hommes bruns. Il a les yeux sombres, bons et profonds, très sérieux, je dirais presque un peu tristes. Mais quand il sourit, comme en ce moment, ils expriment la joie et la jeunesse. Il est entièrement vêtu de marron clair, une tenue simple mais très correcte.
[...] Une trompette retentit derrière la tenture. Tous se taisent et se rangent en bon ordre, la tête tournée vers la sortie. On a repoussé les anneaux de la tenture, si bien que la porte est maintenant grande ouverte. Entouré d’autres anciens, le grand-prêtre entre. Tous s’inclinent profondément. Il se dirige vers la table puis prend la parole, en restant debout.
« Hommes de la race de David qui êtes venus ici à mon appel, écoutez-moi. Le Seigneur a parlé, louange à lui ! Un rayon de sa gloire est descendu comme un soleil de printemps, il a donné vie à un rameau sec et celui-ci a fleuri miraculeusement alors qu’aucun rameau de la terre n’est en fleur à cette époque, en ce dernier jour de l’Encénie, et alors que la neige tombée sur les hauteurs de Juda n’a pas encore disparu. C’est l’unique blancheur qu’il y ait entre Sion et Béthanie. Dieu a parlé en se faisant le père et le tuteur de la vierge de la race de David, qui n’a que lui pour la protéger. Cette sainte enfant fait la gloire du Temple et de sa lignée ; elle a mérité que la parole de Dieu lui fasse connaître le nom de l’époux qui plaît à l’Eternel. Il doit être vraiment juste, celui que le Seigneur a choisi pour être le protecteur de la vierge qui lui est si chère ! C’est pourquoi notre douleur de la perdre s’apaise et nous n’avons plus de souci sur sa destinée d’épouse. C’est à l’homme que Dieu nous désigne que nous confions en toute sécurité la vierge sur qui reposent la bénédiction de Dieu et la nôtre. Le nom de cet époux est Joseph, fils de Jacob, de Bethléem, de la tribu de David, charpentier à Nazareth, en Galilée. Avance, Joseph. C’est le grand-prêtre qui te l’ordonne. »
Beaucoup de remue-ménage : des têtes se tournent, des yeux et des mains se font des signes, certains montrent leur déception, d’autre leur soulagement. Il en est, surtout parmi les plus âgés, qui doivent se réjouir que le sort ne soit pas tombé sur eux.
Joseph s’avance, tout rouge et gêné. Il se tient maintenant devant la table, en face du grand-prêtre qu’il a salué avec respect.
[...] Le grand-prêtre remet le rameau en fleurs à Joseph, puis lui pose la main sur l’épaule en disant :
« Tu le sais, l’épouse que Dieu te donne n’est pas riche. Mais elle possède toutes les vertus. Sois-en digne, toujours. Il n’est pas en Israël de fleur plus belle et plus pure qu’elle. Maintenant, que tous sortent. Toi, reste, Joseph. Et toi, Zacharie, son parent, va chercher l’épouse. »
Tous sortent donc, excepté le grand-prêtre et Joseph.
On fait retomber la tenture sur la porte.
[...] Marie entre en compagnie de Zacharie et d’Anne, fille de Phanuel.
« Approche, Marie, dit le grand-prêtre. Voici l’époux que Dieu te destine. C’est Joseph de Nazareth. Tu retourneras donc dans ta cité. Maintenant, je vous laisse.
Que Dieu vous donne sa bénédiction ! Que le Seigneur vous garde et vous bénisse, qu’il vous montre sa face et ait toujours pitié de vous. Qu’il tourne vers vous sa face et vous donne la paix ! »
Zacharie sort pour accompagner le grand-prêtre.
Anne félicite l’époux, puis sort, elle aussi. [...]
Vraiment un grand merci pour le module « approfondir » de la newsletter JA. Je me régale énormément à le lire et double ainsi mon apprentissage quotidien via MV. Ce matin quel beau sujet de méditation une fois de plus 🙏🏻 Voilà je voulais te partager ma joie et te dire à quel point cette lettre m’est utile ! Bonne journée !