En ce temps-là, des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
(…) Observez comme les enfants m’aiment, et imitez-les. Comme ils croient en moi, et imitez-les. Comme ils se souviennent de ce que je dis, et imitez-les. Comme ils font ce que j’enseigne, et imitez-les. Comme ils ne s’enorgueillissent pas de ce qu’ils font, et imitez-les. Comme ils n’ont pas de jalousie pour moi ni pour leurs compagnons, et imitez-les. En vérité, je vous dis que, si vous ne changez pas votre manière de penser, d’agir et d’aimer, et si vous ne changez pas sur le modèle des tout petits, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Eux, ils savent ce que vous savez, ce qu’il y a d’essentiel dans ma doctrine. Mais avec quelle différence ils pratiquent ce que j’enseigne ! Vous, vous dites pour toute bonne action que vous accomplissez : “ J’ai fait cela ” ; l’enfant me dit : “ Jésus, je me suis souvenu de toi aujourd’hui, et pour toi j’ai obéi, j’ai aimé, j’ai retenu mon envie de me battre… et je suis content parce que toi, je le sais, tu sais quand je suis bon et tu en es content. ” Considérez encore les enfants quand ils agissent mal, avec quelle humilité ils me l’avouent : “ Aujourd’hui j’ai été méchant. Et cela me déplaît parce que je t’ai fait de la peine. ” Ils ne se cherchent pas d’excuses. Ils savent que je sais, ils croient, ils souffrent de ma douleur.
Ah ! Que ces petits sont chers à mon cœur, eux en qui il n’y a pas d’orgueil, pas de duplicité, pas de luxure ! Je vous le dis : devenez semblables à des enfants, si vous voulez entrer dans mon Royaume. Aimez-les comme l’exemple angélique que vous pouvez encore avoir. Vous devriez être comme des anges. En guise d’excuse, vous pourriez dire : “ Nous ne voyons pas les anges. ” Mais Dieu vous donne les enfants comme modèles et eux, vous les avez parmi vous. Et si vous voyez un enfant abandonné matériellement, ou moralement, et qui peut périr, accueillez-le en mon nom, parce que ces petits sont très aimés de Dieu. Or quiconque accueille un enfant en mon nom, m’accueille moi-même, parce que je suis dans leur âme, qui est innocente. Et celui qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé, le Seigneur très-haut.
L’Auteur Très-Saint dit :
« La grande miséricorde de Dieu resplendit de façon encore plus lumineuse et infinie dans les paroles de Paul, là où par inspiration divine il proclame que ceux qui ne reconnaissent aucune loi, ni naturelle, ni surnaturelle, ni rationnelle, périront. Ceux qui auront connu la Loi et ne l’auront pas pratiquée seront condamnés par cette même Loi qui sauve. Quant aux Gentils qui sont privés de la Loi, mais qui font naturellement et par raison ce que prescrit la loi qu’ils ignorent, ils servent Dieu à leur insu. S’ils se laissent guider par la seule lumière de la raison et par la droiture de leur cœur, ils obéissent à la voix de l’Esprit, inconnu mais présent comme seul maître dans leur âme de bonne volonté, ils servent Dieu à leur insu. Quand par amour ils pratiquent la vertu et obéissent aux bonnes inspirations, ils servent Dieu à leur insu. Ces Gentils démontrent par leurs actions que la Loi est inscrite dans leur cœur vertueux. Au jour du Jugement, ils seront justifiés.
Observons ces trois grandes catégories. En elles le jugement divin resplendit dans sa miséricorde et dans sa parfaite justice.
Première catégorie : ceux qui ne veulent reconnaître aucune loi, ni naturelle, ni humaine, donc raisonnable, ni surhumaine. Qui sont-ils ? Des sauvages ? Non. Ce sont des Lucifer, les Lucifer de la Terre. Au fil des ans, leur nombre augmente de plus en plus au lieu de diminuer comme il devrait suite à la diffusion de l’Evangile, à sa prédication inlassable, et à la civilisation qu’il propage. La paix, la justice et la lumière sont promises aux hommes de bonne volonté. Mais eux sont de mauvaise volonté.
Ce sont les rebelles à toutes les lois, même à la loi naturelle. Ils sont donc inférieurs aux brutes. De leur plein gré ils renient leur nature humaine : une nature d’êtres raisonnables, dotés d’une âme et d’un esprit. Ils font des choses qui sont contraires non seulement à la nature mais aussi à la raison. Ils ne méritent que de disparaître du nombre des humains qui ont été créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. En tant qu’humains ils périront. Ils périront pour assumer la nature qu’ils auront voulue, celle de démons.
Deuxième catégorie : les hypocrites, les faux, ceux qui se moquent de Dieu. Ils ont la Loi, oui, mais ils ne la suivent pas. Est-ce qu’on peut tirer avantage d’une loi qu’on ne pratique pas ? Ces gens ressemblent à ceux qui possèdent un trésor, mais le laissent inactif et sans protection. Ils n’en tirent aucun fruit de vie éternelle, la joie qui commence tout de suite au moment de la mort. Ils seront condamnés. Bien que gratifiés du don de Dieu, ils ne l’ont pas exploité avec la reconnaissance qu’ils auraient dû témoigner à Celui qui les a placés au sein de la partie élue de l’Humanité, celle du Peuple marqué du signe de la croix.
Troisième catégorie : les Gentils. A présent on utilise ce terme pour désigner ceux qui ne sont pas chrétiens catholiques. Nous continuerons à employer ce terme le temps de notre méditation sur les paroles de Paul. Les Gentils, qui même sans connaître la Loi font naturellement ce que la Loi impose, sont loi à eux-mêmes. A leur manière, ils témoignent que leur esprit aime la vertu et tend au Bien suprême. Lorsque Dieu, dans la personne de Jésus-Sauveur, jugera les actions secrètes des hommes, ces Gentils seront justifiés.
Ceux-là sont nombreux. Leur nombre est vraiment considérable. Ils sont la foule immense… rassemblée de toutes nations, langues, tribus, peuples, sur lesquels au dernier jour sera imprimé le sceau du Dieu vivant, signe de salut et de récompense, avant le jugement dernier, qui est sans appel. Tous ceux-là seront sauvés grâce aux mérites infinis du Christ, qui a accepté d’être immolé en versant sang et sérum jusqu’aux dernières gouttes ; c’est grâce à lui que tous ceux-là seront sauvés.
La vertu de ces Gentils, leur obéissance spontanée à la loi de la vertu, les aura baptisés sans autre baptême ; elle les aura consacrés sans autre chrême que les mérites infinis du Sauveur. Les limbes ne seront plus la demeure de ces justes en attente. De même qu’au soir du Vendredi-Saint les justes ont quitté les limbes, car le Sang versé par Jésus-Rédempteur les avait purifiés de leur tache originelle, de même, au soir du Temps, quand les mérites du Christ auront triomphé de tous ses ennemis, les justes, qui par ferme conviction d’être dans la juste religion auront appartenu à un troupeau non catholique, seront par lui absous et justifiés. Ils recevront la récompense des vertus pratiquées sur terre.
S’il n’en était pas ainsi, Dieu aurait trompé ces justes qui se sont donnés une loi de justice, et ont défendu la justice et la vertu. Or Dieu ne trompe jamais. Sa récompense, même si parfois elle se fait attendre, est toujours certaine ».
Leçons sur l’Épître de Saint Paul aux Romains, Leçon n°9