Descendant de la montagne, les disciples interrogèrent Jésus : « Pourquoi donc les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? » Jésus leur répondit : « Élie va venir pour remettre toute chose à sa place. Mais, je vous le déclare : Élie est déjà venu ; au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. Et de même, le Fils de l’homme va souffrir par eux. » Alors les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le Baptiste.
(...) – Vous devrez vivre auprès de moi et voir ma gloire jusqu’à la fin. Soyez-en dignes car le temps est proche. Obéissez au Père, qui est le mien et le vôtre. Retournons maintenant parmi les hommes, parce que je suis venu pour rester parmi eux et les amener à Dieu. Allons. Soyez saints en souvenir de cette heure, soyez forts et fidèles. Vous aurez part à ma gloire la plus complète. Mais ne parlez pas maintenant de ce que vous avez vu, à personne, pas même à vos compagnons. Quand le Fils de l’homme sera ressuscité d’entre les morts et retourné dans la gloire de son Père, alors vous parlerez, parce qu’alors il faudra croire pour avoir part à mon Royaume.
– Mais Elie ne doit-il pas venir afin de préparer à ton Royaume ? Les rabbis le disent.
– Elie est déjà venu et il a préparé les voies au Seigneur. Tout arrive comme cela a été révélé. Mais ceux qui enseignent la Révélation ne la connaissent pas, ne la comprennent pas. Ils ne voient pas et ils ne reconnaissent pas les signes des temps et les envoyés de Dieu. Elie est revenu une première fois. Il reviendra une seconde fois, quand les derniers temps seront proches, pour préparer les derniers à Dieu. Mais, maintenant, il est venu pour préparer les premiers au Christ, et les hommes n’ont pas voulu le reconnaître, ils l’ont tourmenté et mis à mort. Ils feront la même chose au Fils de l’homme, car les hommes ne veulent pas reconnaître ce qui est leur bien. »
Les trois apôtres penchent la tête, pensifs et tristes, et ils descendent par le chemin qu’ils avaient gravi avec Jésus. (...)
[Selon la tradition, la maison de la Vierge Marie a été transportée miraculeusement par les anges de Nazareth à Lorette. Jésus confirme l'authenticité de cette relique (et du Saint Suaire) dans une dictée à Maria Valtorta]
Jésus dit :
« Continuons dans le rapport entre le passé et le présent qui, dans l’être éternel de Dieu, est un continuel ‘présent’. Aujourd’hui, je vais te faire réfléchir à ce qui est le plus près de ton cœur.
Je ne nie pas l’amour de la patrie.
Moi, l’éternel Fils de Dieu, lorsque je suis devenu homme, j’ai eu une patrie et je l’ai aimée d’un amour parfait. Cette patrie terrestre, je l’ai aimée et j’aurais voulu la savoir digne de la protection de Dieu, mais au contraire, la sachant indigne, j’ai pleuré sur elle. Je comprends donc la douleur d’un cœur loyal qui voit sa patrie, non seulement en danger, mais condamnée à des jours de souffrance en comparaison desquels la mort est un don.
Mais dis-moi, Maria.
Pouvez-vous dire que je n’ai pas aimé cette terre, qui est votre patrie, où j’ai envoyé mon Pierre pour y ériger la Pierre qui ne s’écroulera pas au souffle des vents ; cette terre où, en un moment de prudence humaine, je suis venu pour confirmer Pierre dans son martyre, car il fallait de ce sang à Rome pour en faire le centre du Catholicisme ?
Pouvez-vous dire que je n’ai pas aimé cette terre où mes confesseurs sont tombés en javelles comme les épis d’un blé éternel, fauchés par l’Éternel moissonneur pour en faire de la nourriture pour votre esprit ?
Pouvez-vous dire que je n’ai pas aimé cette terre où j’ai apporté les reliques de ma vie et de ma mort: la maison de Nazareth [à Lorette] où je fus conçu dans une étreinte de lumineuse ardeur entre le divin Esprit et la Vierge, et le Suaire [à Turin] sur lequel la sueur de ma mort a imprimé la marque de ma douleur, subie pour l’humanité ?
Pouvez-vous dire que je n’ai pas aimé cette terre où les plus grands saints ont fleuri, ceux qui sont semblables à moi par le don des blessures, ceux qui ont pu voir Notre Essence sans voiles, qui, avec mon aide, ont créé des œuvres qui répètent dans les siècles le miracle du pain et du poisson multipliés pour satisfaire les besoins des humains ?
Pouvez-vous dire que je n’ai pas aimé cette terre à laquelle j’ai donné tant de génies, tant de victoires, tant de gloire, tant de beauté dans son ciel, sa mer, ses fleurs, ses monts, ses forêts ? »
Les Cahiers de 1943, 22 juillet