En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. » Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande. Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. » Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
(…) Voilà : nous allons monter à Jérusalem pour la Pâque, et là s’accompliront toutes les prophéties qui concernent le Fils de l’homme. En vérité, comme l’ont vu les prophètes, comme on le voit déjà dans l’ordre donné aux Hébreux d’Egypte, comme cela fut ordonné à Moïse dans le désert, l’Agneau de Dieu va être immolé. Son sang va laver les linteaux des cœurs, et l’ange de Dieu passera sans frapper ceux qui porteront sur eux, avec amour, le sang de l’Agneau immolé. Celui-ci va être élevé comme le serpent d’airain sur la barre transversale, pour être un signe adressé aux hommes blessés par le serpent infernal, et pour être le salut de ceux qui le regarderont avec amour. Le Fils de l’homme, votre Maître Jésus, va être livré aux mains des princes des prêtres, des scribes et des anciens. Ils le condamneront à mort et le remettront aux païens pour être exposé au mépris. On le giflera, on le frappera, on le couvrira de crachats, on le traînera sur les routes comme un chiffon immonde. Après l’avoir flagellé et couronné d’épines, les païens le condamneront à la mort de la croix réservée aux malfaiteurs, suivant la volonté du peuple juif rassemblé à Jérusalem, exigeant sa mort à la place de celle d’un meurtrier. C’est ainsi qu’il sera mis à mort. Mais, comme il est dit dans les signes des prophéties, après trois jours, il ressuscitera. Voilà l’épreuve qui vous attend, celle qui montrera votre formation.
Tous, vous vous croyez assez parfaits pour mépriser ceux qui n’appartiennent pas à Israël, et même pour mépriser beaucoup de personnes de notre propre peuple ; en vérité, je vous dis que, une fois le Pasteur capturé, vous qui êtes la partie élue de mon troupeau, vous serez pris de peur et que vous vous débanderez en fuyant comme si les loups qui me saisiront de toutes parts dans leurs crocs se retournaient contre vous. Mais, je vous le dis : ne craignez rien. On ne touchera pas à un cheveu de votre tête. Je suffirai à rassasier les loups féroces… »
(…) Les apôtres se courbent au fur et à mesure, comme sous une pluie de pierres.
« Ce que je vous annonce est désormais imminent. Les autres fois, il restait un délai, mais aujourd’hui l’heure est venue. Je vais être livré à mes ennemis et immolé pour le salut de tous. Ce bouton de fleur n’aura pas encore perdu ses pétales, après avoir fleuri, que je serai déjà mort. »
A ces mots, les uns se cachent le visage de leurs mains, d’autres gémissent comme si on les avait blessés. Judas est livide, littéralement livide…
Le premier à se ressaisir, c’est Thomas, qui s’exclame :
« Cela ne t’arrivera pas, car nous te défendrons ou nous mourrons avec toi, et ainsi nous prouverons que nous t’avons rejoint dans ta perfection et que nous sommes parfaits dans ton amour. »
Jésus le regarde sans mot dire. (…)