En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. Chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »
(…) Et gardez-vous de scandaliser l’un de ces petits dont l’œil voit Dieu. On ne doit jamais scandaliser personne. Mais malheur, trois fois malheur, à celui qui déflore la candeur ignorante des enfants ! Laissez-les être des anges, le plus que vous pouvez. Le monde et la chair sont trop répugnants pour l’âme qui vient des Cieux ! Et l’enfant, par son innocence, est encore tout âme. Respectez l’âme de l’enfant et son corps lui-même, comme vous respectez un lieu sacré. L’enfant lui aussi est sacré, car il a Dieu en lui. En tout corps se trouve le temple de l’Esprit, mais le temple de l’enfant est le plus sacré et le plus profond, il est au-delà du double Voile. Ne remuez même pas les voiles de la sublime ignorance de la sensualité par le vent de vos passions.
Je voudrais un enfant dans toute famille, au milieu de toute réunion de personnes, pour qu’il serve de frein aux passions des hommes. L’enfant sanctifie, repose et rafraîchit par le seul rayonnement de ses yeux sans malice. Mais malheur à ceux qui lui enlèvent sa sainteté par leur scandaleuse manière d’agir ! Malheur à ceux qui, par leur conduite licencieuse, transmettent leur malice aux enfants ! Malheur à ceux qui, par leurs propos et leur ironie, blessent la foi que les enfants ont en moi ! Il vaudrait mieux qu’on leur attache au cou une meule de moulin, et qu’on les jette à la mer pour qu’ils s’y noient avec leurs perversités. Malheur au monde pour les scandales qu’il cause aux innocents ! Car, s’il est inévitable qu’il arrive des scandales, malheur à l’homme qui les provoque par sa faute !
Personne n’a le droit de faire violence à son corps et à sa vie, car la vie et le corps viennent de Dieu, et lui seul a le droit d’en prendre une partie ou le tout. Pourtant, je vous dis que si votre main est pour vous incitation au péché, il vaut mieux que vous la coupiez, que si votre pied vous porte à causer du scandale, il est bon que vous le coupiez. Entrer manchots ou boiteux dans la Vie vaut mieux, pour vous, que d’être jetés au feu éternel avec vos deux mains et vos deux pieds. Et s’il ne suffit pas d’un pied ou d’une main coupés, faites couper aussi l’autre main ou l’autre pied, pour ne plus donner le mauvais exemple et pour avoir le temps de vous repentir avant d’être jetés là où le feu ne s’éteint pas et ronge comme un ver pour l’éternité. Et si c’est votre œil qui est pour vous occasion de scandale, arrachez-le. Il vaut mieux être borgne que d’être en enfer avec les deux yeux. Avec un seul œil ou même sans aucun, arrivés au Ciel, vous verrez la Lumière, alors qu’avec les deux yeux du vice, vous verrez en enfer ténèbres et horreur. Et rien d’autre. (…)