En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
(…) Allez, sans richesses. N’emportez ni or, ni argent, ni pièces de monnaie dans vos ceintures, ne prenez pas de sacs de voyage avec deux ou plusieurs vêtements, ni sandales de rechange, ni bâton de pèlerin ni armes humaines. Car, pour le moment, vos visites apostoliques seront courtes : nous nous retrouverons chaque veille de sabbat et vous pourrez changer vos vêtements humides de sueur sans avoir à emporter de vêtements de rechange. Nul besoin de bâton car le chemin est plus facile et ce qui sert sur les collines et les plaines est bien différent de ce qui sert dans les déserts ou sur les hautes montagnes. Pas besoin d’armes. Elles sont bonnes pour les hommes qui ne connaissent pas la sainte pauvreté et qui ignorent le divin pardon. Mais vous n’avez pas de trésors à garder et à défendre contre les voleurs. Le seul à craindre, l’unique larron pour vous, c’est Satan. Et lui, il se vainc par la constance et la prière, pas avec des épées et des poignards.
Si l’on vous offense, pardonnez. Si on vous dépouille de votre manteau, donnez aussi votre tunique. Restez même tout à fait nus par douceur et détachement des richesses, vous ne scandaliserez pas les anges du Seigneur, et pas non plus l’infinie chasteté de Dieu, car votre charité vêtirait d’or votre corps nu, la douceur vous ferait office de ceinture et pardonner au voleur vous donnerait un manteau et une couronne de roi. Vous seriez donc mieux vêtus qu’un roi. Et non pas d’étoffes corruptibles, mais d’une matière incorruptible.
Ne vous préoccupez pas de votre nourriture. Vous aurez toujours ce qui convient à votre condition et à votre ministère, car l’ouvrier mérite la nourriture qu’on lui apporte. Toujours. Si les hommes n’y pourvoyaient pas, Dieu lui-même pourvoirait aux besoins de son ouvrier. Je vous ai déjà montré que, pour vivre et pour prêcher, il n’est pas nécessaire d’avoir le ventre plein de la nourriture que l’on a avalée. C’est la destinée des animaux impurs dont la mission est de s’engraisser pour être tués et engraisser les hommes. Mais vous, vous ne devez alimenter que votre âme et celle d’autrui de nourritures qui apportent la sagesse. Or la Sagesse se dévoile à une âme que n’obscurcit pas l’excès de nourriture et à un cœur qui se nourrit des réalités surnaturelles. Vous n’avez jamais été aussi éloquents qu’après votre retraite sur la montagne. Or vous ne mangiez alors que l’indispensable pour ne pas mourir. Et pourtant, à la fin de la retraite, vous étiez forts et joyeux comme jamais. N’est-ce pas vrai ? (…)